Si vous êtes prêts
à passer une heure et demie en apnée, ce film est
pour vous. Il est rare qu'un récit parvienne à plonger
le spectateur dans un tel état d'enfermement et d'inquiétude.
En fin de projection, une seule envie, sortir, respirer, voir les
gens dehors, vivre... On peut se demander quel est le message, les
évènements n'étant pas choisis au hasard, quel
sens le réalisateur a voulu donner au récit...? Deux
univers sont montrés en parallèle, celui des otages
et de leurs geôliers sur le bateau d'une part, et celui des
décideurs qui dialoguent et négocient avec les pirates.
Il n'y a pas de répit, pas d'apaisement lorsque l'on passe
de l'un à l'autre. A l'atmosphère moite et gonflée
d'angoisse qui règne sur le navire, répond la sécheresse
froide et policée des bureaux de l'entreprise. Mais c'est
bien une tension terrible, parfois terrifiante, qui unit les deux.
Le PDG qui négocie le montant de la rançon comme celui
d'un contrat commercial peut passer pour un monstre d'indifférence
mais lorsqu'il s'emporte et que les sentiments le submergent, son
humanité apparaît et c'est alors que le danger est
le plus grand pour les otages... Au final, le film ne condamne personne,
il montre des faits, des rapports de force, suggère, questionne
sur les responsabilités de chacun, sans donner de réponses.
A qui reviendra la rançon, à quoi servira-t-elle ?
L'enfermement aurait-il pu durer moins longtemps, des évènements
dramatiques auraient-ils pu être évités ? La
culpabilité est énorme pour certains personnages,
comment est-elle partagée, qui la porte le plus ?
La mise en scène ne fait aucune concession spectaculaire
ou sentimentale, tout est sec, filmé comme un documentaire,
ça n'est pas une œuvre dont on sort le cœur léger
et prêt à faire la fête entre amis, mais c'est
du cinéma qui dérange, qui imprime durablement des
images, des interrogations, des impressions.