"A l'issue du procès,
vous ne saurez peut-être pas avec certitude si l'accusé
est coupable" : c'est, à peu de choses près,
ce que le président de la cour d'assises dit aux jurés.
Le film est à l'image de cette phrase, laissant des zones
d'ombre, parce que dans la vraie vie non plus, on ne sait pas tout,
on ne peut pas tout savoir. Les questions sans réponses égrenées
tout au long du récit n'empêchent pas une grande minutie
dans la description du fonctionnement d'une cour de justice, en
France, en ce début de vingt-et-unième siècle.
Et c'est absolument passionnant. Traité presque comme un
documentaire, tout ce qui concerne le procès est terriblement
prenant et semble très documenté. Dans le même
temps, en parallèle, quelque chose se passe entre le président
et une femme, membre du jury. Cette histoire, qui n'interfère
pas dans le déroulement du procès, apporte un contraste,
une respiration, une échappée vers quelque chose de
beaucoup moins lourd, bien sûr… et son traitement n'est
plus du tout du type documentaire. Ces deux parties du récit
forment un ensemble à la fois émouvant et instructif.
Luchini fait parfois du Luchini, mais il est tout à fait
crédible en homme fort et fragile en même temps. Les
personnages des membres du jury frôlent les clichés,
et leur hétérogénéité semble
un peu démonstrative, mais si l'on veut montrer comment peut
réagir une assemblée d'hommes et de femmes confrontés
au drame et missionnés pour comprendre, ces caractères
et archétypes sociaux sont probablement nécessaires.
L'actrice qui joue Ditte, la femme qui séduit le président,
a quelque chose de solaire, elle affiche une sérénité
bienveillante, éclairant le film dans son entièreté.