Harmonium

Kôji Fukada

L'histoire

Dans une banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, un ancien ami de Toshio se présente à son atelier, après une décennie en prison. A la surprise d'Akié, Toshio lui offre emploi et logis. Peu à peu, ce dernier s’immisce dans la vie familiale, apprend l'harmonium à la fillette, et se rapproche doucement d’Akié.

Avec

Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi, Taiga, Momone Shinokawa

Sorti

le 11 janvier 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Disharmonie

 

Le titre et l'affiche très zen pouvaient représenter une promesse de quelque chose de très serein, une fable lumineuse, une éclaircie dans la grisaille hivernale, un truc remonte-moral dont on sort avec le sourire et l'âme apaisée… (oh là là, je vais me mettre au tai-chi, moi, ou bien je vais écrire des haïkus…)
Deux heures plus tard, il faut bien constater que pour la sérénité et la zénitude, c'est raté. Mais alors, raté de chez raté, dans les grandes largeurs. Sous des apparences de calme et d'échanges polis entre les personnages, c'est le glauque qui domine. Les relations perverses, les mensonges, les non-dits (quoique, dès qu'un secret est révélé entre deux personnages, le troisième est mis au courant dans la minute qui suit, c'en est un peu étrange au début, puis on comprend le principe…), la culpabilité pas assumée, rien n'est vraiment lumineux… le film ne se pare pas non plus d'une élégance glacée qui aiderait à faire passer la pilule, bien au contraire, l'image est assez terne, les intérieurs comme les extérieurs ont la banalité blafarde d'une ville étrange, qui semble désertée par ses habitants. C'est probablement un parti-pris de mise en scène, pour mieux coller à cette histoire de vengeance (?) dont beaucoup de mystères subsistent en fin de récit. Mais il y a comme une impression de passer à côté du message du réalisateur, parce que probablement il manque au spectateur certaines clefs de la société japonaise en général et de la famille en particulier, et aussi parce que quelques scènes ou images semblent avoir un sens profond (par exemple la répétition, à quelques années d'intervalle, du cadrage des personnages couchés au bord d'une rivière…) sans que ce sens nous soit accessible de façon suffisamment claire. Du coup, les deux heures de projection paraissent bien longues, les protagonistes finissent par devenir franchement antipathiques et l'harmonium tout le contraire d'une idée d'harmonie. C'est peut-être d'ailleurs là, dans cet instrument dont les sons sont carrément désagréables, qu'il faut aller chercher un début d'explication : la petite fille, ange de pureté, inflige une horreur musicale à ses parents sans que ceux-ci en soient affectés…

Vos commentaires pour ce film

Oui... d'accord avec quasiment tout. C'est juste la question de la vengeance, je ne suis pas sûre. Oui il y a de ça, cependant j'y vois plutôt l'idée qu'un jour il faut payer. Qu'une décision malheureuse apporte le malheur dans sa propre maison. Le héros en est conscient, il doit payer sa dette, il l'accepte d'ailleurs, mais elle est grosse... L'inéluctable est en marche dès que l'ancien ami se pose dans la rue en face de l'atelier, comme un fantôme surgi du passé.

Karine Q, le 14 janvier 2017

 

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