Happy few… il semble que
cela veuille dire "quelques privilégiés",
une expression toute faite pour parler d’un petit groupe de
personnes qui détiennent une part de bonheur que les autres
n’ont pas.
La question est de savoir si le titre est ironique, ou pas. L’amour
rend-il heureux ? Et le désir ? Et les deux à la fois
mais pas avec la même personne ?
Et la jalousie, dans tout ça ?
La situation est (un peu) étrange : deux femmes échangent
leurs hommes (à moins que ça ne soit le contraire) pour
des rapports sexuels, et plus si affinités… Cela se fait
sans qu’aucun des quatre ne s’en offusque. Pourtant, au
départ, ils semblaient sereins et heureux dans leurs couples
respectifs. Qu’est-ce qui les a donc séduit pour qu’ils
rompent leurs équilibres conjugaux ? Le film ne répond
pas vraiment aux interrogations que ne manqueront pas de se poser
ceux et celles qui se croient au mieux dans leur relation avec leur
moitié. Le récit peut sembler très flou, privilégiant
les scènes de cul (on ne peut pas les appeler autrement, c’est
rare d’en voir d’aussi explicites, sauf éventuellement
dans les films X mais là ce n’est pas mon rayon…)
aux dialogues qui pourraient éclairer les motivations de chacun.
Mais il est aussi assez précis sur les faits, pas vraiment
versé sur le côté poétique des choses ni
sur la contemplation (seule la scène "farineuse"
fait un peu rêver). Du coup, le film ne suscite pas énormément
d’émotions et laisse sur leur faim les spectateurs qui
auraient envie de comprendre comment cela peut être possible.
La réponse ne peut être que "c’est du cinéma"
: les situations ne paraissent pas très crédibles, particulièrement
dans la façon dont les enfants sont tenus en dehors du secret,
ainsi que les proches, amis, famille…
Le précédent film de Cordier, "Douches
froides", abordait une autre relation multiple, avec sincérité
et malgré le manque d’explications, on croyait au trio
d’amoureux. Le contraire exact se produit dans cet "Happy
few", au titre malin mais qui ne débouche sur rien.