Le procédé tient
du marivaudage : les deux amis qui parlent de leurs conquêtes
et déboires (tout en buvant beaucoup, bien sûr) amoureux
sans se rendre compte qu’ils évoquent, au travers de
leurs souvenirs, les mêmes personnes, ont le charme et l’aspect
agaçant, voire irritant, d’une petite carte du tendre
au pays du matin frais.
Et c’est bien la fraîcheur, la légèreté,
l’ironie qui prédominent dans ces aventures sentimentales,
au détriment souvent de l’émotion qui pourtant
aurait pu avoir sa place et poindre sur les débris dérisoires
de ces histoires d’amour. Les hommes sont poètes, pleurent
beaucoup, incohérents, lâches et un peu minables. Ce
sont les femmes qui déclenchent les quelques "ha ha ha"
(pas énormément, ce n’est tout de même pas
ce qui s’appelle une comédie) par leur lucidité,
leur façon de mener la barque. Ce sont elles qui font avancer
les choses, qui prennent les virages, qui envoient les hommes valser
d’une pichenette ou qui vont les chercher, affalés dans
les cordes ou dans les vapeurs alcoolisées.
C’est aussi laid (photo, couleurs, décors) qu’un
Rohmer, aussi peu inventif (cadrage, montage, bande son) qu’un
épisode de série télévisée française
mais il y a un léger plaisir à suivre ce récit
qui semble en perpétuelle déconstruction, comme une
pâtisserie exotique dont on découvrirait le goût
inédit tout en pensant à des saveurs déjà
rencontrées, mais en ignorant tout des ingrédients.
C’est frais mais on se demande s’il y a une véritable
consistance…