Hadewijch

Bruno Dumont

L'histoire

Choquée par la foi extatique et aveugle de Soeur Hadewijch, la mère supérieure met celle-ci à la porte de couvent. Soeur Hadewijch redevient Céline, 20 ans, étudiante en théologie...


Avec

Julie Sokolowski, Karl Sarafidis, Yassine Salim, David Dewaele

Sorti

le 25 novembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Au centre, l’amour

 

Le cinéma de Bruno Dumont n’est pas confortable. Il perturbe, provoque, engendre des réactions radicales. On peut toujours se demander à quel public s’adresse-t-il, et la réponse à cette question est tellement fermée qu’il vaut mieux, finalement, l’éviter : oui, c’est du cinéma élitiste, où la réflexion du spectateur est obligatoire, ce n’est absolument pas divertissant et de ce fait ses films ne sont pas destinés à toutes sortes de public. Il est probable que lors de leur réalisation, Dumont ne se pose pas ce type d’interrogation, mais en tant que spectateur (perturbé), on peut se permettre d’avoir des doutes…
(voir à ce propos la critique de Flandres, datant de 2006)

Hadewijch est dans la lignée de ses précédents films, bien qu’il y ait quelques évolutions : musique présente à certains moments forts, quelques travellings absolument pas gratuits, recherche d’émotions frisant avec un certain romantisme… Bien sûr, ces aspects traditionnellement cinématographiques ne sont pas des concessions du réalisateur pour plaire au spectateur, ce sont des outils, une ouverture bienvenue vers d’autres moyens d’expression que les plans fixes et lents à la limite de l’hypnose et de l’ennui, un choix d’acteurs non professionnels plus concepts que véritables personnages de cinéma.
Hadewijch, comme tous les films de Dumont, pose des questions sans donner de réponses. Chacun repartira à l’issue de la projection avec son lot de doutes et de sources de réflexions, évoluant avec le temps : les images, les quelques phrases prononcées prennent une autre forme le lendemain. L’amour est au centre du film, à première vue l’amour de Dieu, mais comme ce sentiment éprouvé par l’héroïne ne s’accompagne pas de préceptes moraux ou de jugements de valeur sur la vie des gens, cet amour s’apparente finalement à un sentiment non pas charnel (quoique, au vu de l’état dans lequel elle se retrouve parfois, on peut se demander…), mais humain, terriblement humain lorsqu’elle parle du manque, de la réciprocité qu’elle ne parvient pas à sentir. Parler est un bien grand mot, ce sont juste quelques bribes de phrases, et des regards… Julie Sokolowski n’est pas une comédienne mais elle fait passer quelque chose que peu d’actrices parviennent à faire sentir. Sa très étrange beauté, sa sensibilité extrême alors qu’elle ne semble rien montrer, son effarante innocence… sont autant d’atouts pour rentrer dans ce film, peut-être plus abordable que les précédents de Dumont, mais qui reste tout de même d’une radicalité parfois repoussante, parfois sublime.

 

 

 

Vos commentaires


Comme ça se prononce.
L'histoire d'une adolescente Céline qui à l'opposé de celle de fish tank parait avoir tiré les bonnes cartes, mais il suffit de trois scènes lapidaires pour comprendre que chez elle non plus, c'est pas la joie. Elle sombre dans la religion comme d'autres sombrent dans la drogue, mais elle se fait virer du couvent, terminé soeur Hadewitjch. Alors, sa quête d'affection la jettera dans les bras d'un petit voleur de scooter bien sympa mais qui a un grand frère.....
Peu de mots et souvent maladroits comme dans la vraie vie et pourtant les dialogues paraissent extrêmement justes. Quelques scènes extraordinaires: le repas dans l'hôtel particulier des parents, cette prière dans l'appartement des deux frères, elle à genoux et eux le cul pointé vers le ciel, unis dans la même dévotion. La discussion dans la cuisine, les gestes ébauchés et l'incompréhension...
Une jeune actrice quelques fois laide, quelques fois belle,mais qu'on ne se lasse pas de regarder. Tous les acteurs sont excellents.
La "banlieue" sans complaisance ni misérabilisme. Et ce qui peut arriver quand on cherche à exister et qu'on rencontre les mauvaises personnes.
Un beau film qui pose plein de questions et ne donne aucune réponse et dont la fin peut paraître radieuse (le regard du mec qui la serre enfin dans ses bras et qui soudain devient magnifique) ou totalement désespérée....


Elisabeth S. 24 novembre 2009

 

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