C'est quoi, l'humour
néerlandais ? Une sorte de mélange de "non sense"
à l'anglaise et de provocation typiquement belge ? Ces habitants,
en reprise nationale de début de 2013, qui comme chacun sait,
est l'année de la b…, en sont peut-être un digne
représentant.
Il y a beaucoup d'ingrédients alléchants, à commencer
par les personnages, sérieusement allumés, caricatures
outrancières (voulues) de certains spécimens de toute
société occidentale, basée sur la consommation
et où la communication passe beaucoup par le sexe, qu'il soit
désiré ou subi. L'ersatz de lotissement servant de décor
à cette comédie décalée (c'est le moins
qu'on puisse dire) est posé dans un coin de nulle part et s'apparente
bien plus à une immense scène de théâtre
qu'à un lieu existant. Le boucher obsédé et l'aspect
volontairement irréel de l'ensemble fait à un moment
penser à "Delicatessen", de Jeunet et Caro…
Tout cela posé, on s'attend à voir un petit bijou, réjouissant,
dévastateur, unique en son genre. Mais au bout d'une petite
heure, lorsqu'on a découvert tous les personnages, lorsque
toutes les tensions sont exposées, l'ennui s'installe, parce
que la mécanique tourne à vide. On s'attend à
une explosion, ou au moins à un enchaînement de faits
implacable qui viendrait finaliser toute l'absurdité de cette
micro-société. Les personnages extérieurs donnent
un peu d'espoir, on suppose lorsqu'ils apparaissent, qu'ils vont jouer
le rôle d'étincelle, mais ils ne font qu'entrer dans
le manège et s'y diluent. Tous les acteurs sont formidables,
visiblement très impliqués et nous faisant croire à
leurs personnages "énormes", mais ils jouent tous
finalement à peu près de la même façon,
et ne nous surprennent pas.
On peut comprendre le choc que ce film a pu engendrer au moment de
sa sortie (il y a déjà dix-huit ans !) mais cette pseudo
satire des mœurs, un peu sociale, un peu psychologique, un peu
ethnologique, a sans doute mal vieilli, dépassée par
bon nombre d'œuvres beaucoup plus drôles (on pense aux
délires poétiques de Dominique Abel et Fiona Gordon)
ou à l'inverse terriblement sombres (par exemple Dogville de
Lars Von Trier).