Guy **

Alex Lutz

L'histoire

Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu'il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.

Avec

Alex Lutz, Pascale Arbillot, Tom Dingler, Nicole Calfan, Brigitte Roüan, Dani, Elodie Bouchez

Sorti

le 29 août 2018

Touché !

 

Guy Jamet, jamais entendu parler… il n'existe pas, dans la réalité. Et Alex Lutz ? Existe-t-il ? Cet acteur (jamais vu auparavant, juste aperçu parfois sur une affiche) a bien quarante ans de moins que le personnage qu'il interprète, et il est totalement bluffant, immédiatement crédible, autant dans les micro détails que pour l'ensemble du personnage qu'il a construit, mix de Belmondo, Claude François, Julien Clerc, avec un soupçon de Gainsbourg, qu'importe d'ailleurs, Guy Jamet finit par exister, pleinement, il ressemble à d'autres stars sans vraiment les imiter. Le verbe fleuri, la démarche un peu hésitante et pourtant chaloupée, le regard direct, la nostalgie et la mélancolie tout près sous la couche du bonheur apparent, la légèreté comme verni, la vie d'artiste comme une évidence et tant pis si le talent ne suit pas, des chansons d'amour populaires en étendard mais capable de citer Annie Ernaux ou Valère Novarina… Guy est un personnage bien plus complexe qu'il n'en a l'air, jouant avec les clichés pour mieux les contourner, tenant un discours pas si attendu que cela, sur les artistes, sur la paternité, sur la solitude. Tiens, la solitude : cet homme n'est presque jamais seul, et pourtant il parvient à la rendre palpable, sa solitude.
Le dispositif choisi pour montrer le personnage n'est pas non plus attendu : un faux documentaire en construction, avec une caméra subjective tenue par quelqu'un qui ne peut pas être neutre, qui observe, juge parfois, se perd et se retrouve… C'est foutraque en apparence, en réalité très maîtrisé, d'une perfection formelle impressionnante. L'émotion qui s'en dégage peut submerger le spectateur, en tous cas il le laisse difficilement indifférent. Les années 70 sont évoquées, la starisation aussi, les chansons ont le goût d'une variété française un peu kitch, un peu soupe mais qu'importe, au final cet homme dont la vie est bien éloignée de celles de la plupart des spectateurs touche profondément, il y a une sincérité qui ne prend pas de gants, qui fait passer du sourire aux larmes. Une sacrée belle surprise.

Vos commentaires pour ce film

C’est un portrait. Celui d’un chanteur des années 70, fictif mais pas tant que ça ; un mixte de Claude François, Sardou, Dutronc … On le voit à l’époque mais surtout aujourd’hui, à 75 balais, dans une tournée qui l’emmène de ville en ville, devant des publics emballés et … âgés.
C’est le portrait d’un gars qui vieilli, qui a plein d’amertume et de lucidité. Qui est seul même si très entouré. Un type pas très agréable, un peu prétentieux, un peu réac mais finalement touchant. Parce que la solitude et la perte sont touchantes, forcément. Comme d’ailleurs, l’envie et l’énergie de continuer.
On se cabosse mais on ne change pas … c’est une jolie scène en fin de film.
Ce portrait m’a rappelé des gens de cette génération que j’ai croisé, pas dans ce milieu de stars évidemment, … mais avec des postures et des interrogations très comparables. Un pied dans le présent en râlant, un pied dans le passé.

En regardant le film, on repère pleins de pièges qui se profilent … mais dans lesquels Alex Lutz ne tombe pas : il n’y a pas de caricature, pas de jugement, pas vraiment d’ironie. Il y a de la tendresse. C’est plutôt grave mais pas dénué de légèreté. Ça montre des trucs assez simples, assez universels ; sans analyses très profondes certes.
Bon, je me dis tout de même que ce film m’a aussi parlé et fait sourire car il replonge dans les années 70 ; coté « Revival des soirées Maritie et Gilbert Carpentier » ; m’en suis qd même tapé un paquet ! C’est peut-être un film de génération.

Alex Lutz, qui doit avoir 40 ans, a choisi de jouer lui-même ce chanteur. C’est un choix bizarre. Ceci dit, il est assez bluffant. Il tient le personnage, il est crédible dans ses attitudes, assez subtil même.
Un bon moment quoi.

Thierry D., le 31 août 2018

Une caricature qui n’en est pas une, sous la forme d’un faux documentaire.
Voix trainante, regard las, geste lents, Alex Lutz joue juste
De l’humour aussi avec sa femme (fan d’astrologie canine) Michel Drucker, Julien clerc et Dany donne de la voix.
une réflexion sur le destin d’un chanteur qui veut renaître, de la célébrité et de ce qu’il en reste, de ce qu’elle a permis, de ce qu’elle a apporté…
Peu d'enjeux et c'est un peu...long.

Dominique P, le 9 septembre 2018

Un Guy Jamet étonnant : La prestance du chanteur, la soupe (mais j’adore la soupe !), la nostalgie, la solitude, la connivence qui s’installe entre le père et le fils et l’envie de combattre la vieillesse malgré les cassures : j’ai beaucoup aimé ! et merci Alain, sans les 2 étoiles je ne suis pas sûre d’être allée le voir…

Nicole C, le 10 septembre 2018