Ce qui est finalement le plus
surprenant dans ce film, à l'heure où le cinéma
(en vérité, une forme de cinéma) joue la surenchère
d'effets spéciaux à grand renfort d'images de synthèse,
c'est que le récit, déroulé avec une économie
de moyens sidérante, tient en haleine d'un bout à
l'autre, réserve son lot de surprises, retournements, sueurs
froides, avec des instants suspendus impressionnants. Pas une seule
note de musique pour appuyer les moments forts, juste un acteur
devant des ordinateurs, parlant au téléphone. Et c'est
tout. Ce pourrait être du théâtre (et encore,
on parlerait de théâtre au minimum, sans décors
ou presque, sans mouvements…) mais c'est bien du cinéma.
De haute volée. Le travail sur le son (les voix au téléphone,
les vibrations, les respirations, les bruits que l'on entend autour
des voix…) est hallucinant, mais il y a aussi un grand soin
apporté aux lumières, à la photographie, froide
et nette… Il vaut mieux ne rien savoir de l'histoire pour
apprécier le film, se laisser embarquer, se perdre parfois,
prendre les coups comme si on y était…
Le personnage n'attire pas l'empathie d'entrée de jeu et
garde une part de mystère pendant la presque totalité
du récit, l'acteur qui l'interprète fait des miracles
pour que le spectateur reste scotché à l'écran.
Le polar de cet été.