Le grand maître,
ça n'est pas moi. Pour une fois…
C'est un vénérable professeur de kung-fu, paraît-il
celui qui a formé Bruce Lee. Et comment dire, le kung-fu, je
m'en contrefous. Alors pour être allé voir ce film, je
dois être fou ? Oui, mais c'est Wong Kar Wai, et j'ai tellement
aimé In the mood for love…
Le résultat ? deux heures de baston entrecoupée par
des scènes pleines de belles photos avec des beaux acteurs
et des belles phrases super creuses (on dirait du Paulo Coelho). On
suit vaguement le destin de quelques personnages en plus du grand
maître, sa femme (qui disparaît assez vite, sans qu'on
sache très bien pourquoi), la fille du maître qu'il remplace
mais pas complètement parce qu'au moment de la passation, la
guerre éclate (c'est bien ça ? pas exactement sûr
de moi sur ce coup-là, le scénario est un peu flou,
et comme je vous l'ai dit, le kung-fu, ça n'est pas ma tasse
de thé (et d'ailleurs, boit-on du thé à Hong-Kong
? (je me souviens des soupes dans In the mood, mais pas du thé…))),
l'affreux méchant pas gentil du tout, traître de surcroît,
qui a tué le vieux maître (pas le héros, celui
qu'il remplace) et qui est donc poursuivi par sa fille (enfin, pas
sa fille à lui (le méchant), la fille du vieux maître,
vous me suivez ?), et puis quelques autres, dont un dont on se demande
ce qu'il vient faire dans cette histoire, nommé la lame, parce
qu'il est barbier (vous avez le droit de lever les yeux au ciel).
Bref, je n'ai pas tout compris à ce récit qui s'emmêle
même pas joyeusement les kimonos, mélangeant les combats
pif-paf-pouf sans sang (bon, un ça va, mais au bout du troisième,
on a compris qu'il y allait en avoir un toutes les cinq à dix
minutes, et là, les deux heures deviennent vachement longues),
les regards de glace (tu me fais pas peur, toi non plus, toi encore
moins, et bing, c'est reparti), les allusions super opaques à
différentes écoles de kung-fu, la guerre sino-japonaise
(expédiée avec deux ou trois explosions) et une voix
off qui raconte sa vie (tu peux toujours causer, quand est-ce que
ça se finit ?).
Bon, on peut toujours sentir l'aspect poétique, lourdement
souligné par une musique tonitruante ou un silence assourdissant
(c'est soit l'un, soit l'autre) mais il me semble qu'il faut être
drôlement indulgent pour le percevoir.
C'est donc tout à fait évitable, à moins que
vous ne soyez un passionné d'arts martiaux. Sinon, l'ennui
risque de vous tomber dessus (ce qui fait tout de même moins
mal qu'une vacherie de coup de pied dans le tibia, ou dans le plexus,
ou dans l'épaule, ou dans les roubignoles, ou… (bon,
je ne vais pas vous faire toute l'anatomie humaine…))