Ça n'est pas du cinéma
révolutionnaire, le scénario n'est pas non plus d'une
originalité folle, mais c'est vraiment de la belle ouvrage.
Le récit parvient à faire s'entremêler des aspects
politiques et sociaux, des conflits humains, des rapprochements
tortueux, une enquête policière, un secret terrible,
une ascension sociale minée par un fantôme… et
au cœur de tout cela, il y a une femme, jeune, idéaliste,
pleine d'avenir, qu'on a envie d'aimer, de suivre, mais les évènements
qui nous sont montrés et la façon dont elle les vit
nous empêche d'adhérer complètement au personnage.
Une ombre indélébile plane sur elle. Elle, c'est Rebecca
Marder, et loin, très loin de la légèreté
de son interprétation dans Mon
crime, elle est ici complexe, subtile, ambiguë, hitchcockienne.
On a l'impression avec ce film de la découvrir actrice de
cinéma, laissant de côté son aspect comédienne
de théâtre qui en faisait un peu trop. Le film lui
doit beaucoup, mais Lavernhe, Bercot et Marc Barbé sont également
extrêmement fins, à la fois très justes et parfois
inattendus. Beaucoup de scènes sont des duels, parfois violents,
parfois plus doux, mais toujours sous tension. Le réalisateur
ne se contente pas d'admirer ses interprètes, il imprime
une atmosphère trouble à tout son film, sans cesse
en déséquilibre. Tout pourrait s'écrouler à
tout moment, les enjeux sont énormes, et tout le monde fait
semblant de maîtriser les choses. C'est presque une allégorie
du monde comme il va…