Tous les acteurs sont formidables...
mais dans d'autres films. Noémie Lvovsky a cru probablement
trouver avec l'adaptation de cette pièce de théâtre
une occasion d'exprimer sa fantaisie, et de mélanger les
genres. C'est parfois touchant, parce que maladroit, parfois gênant
tant l'incongruité est manifeste. On a parfois l'impression
d'assister à un catalogue de bonnes idées gâchées,
à moins que les idées ne soient finalement pas si
bonnes que ça : Podalydes est un comédien souvent
génial, mais ici, au fur et à mesure de l'avancée
du récit, il est de plus en plus lourd dans la naïveté
mélancolique. La musique a du caractère, mais ne fonctionne
pas avec les années 20 reconstituées. Et lorsqu'au
générique de fin, on entend la voix chaude du chanteur
de Feu ! Chatterton, on se dit que malgré tous leurs efforts,
les acteurs ne sont pas parvenus à se glisser dans son univers.
Les chorégraphies vont chercher du côté du contemporain,
et là non plus, le décalage avec le récit ne
fonctionne pas...
Quant à l'histoire, ce qui nous est conté ne donne
pas envie d'en savoir plus sur cette pièce récemment
sortie
des oubliettes par Emmanuel Demarcy-Mota. Elle joue presque
uniquement sur la capacité d'un homme de croire que sa femme
peut être à l'intérieur d'une petite boîte.
Mais le magicien qui l'affirme (Sergi Lopez) n'a pas de prestance,
pas de charisme. Sa femme est jouée par Noémie Lvovsky
elle-même, qui, sans doute concentrée sur sa mise en
scène, a oublié d'en faire un personnage. Il y a une
histoire d'amour entre deux personnages secondaires qui tente d'exister,
en vain : il n'y a aucune corrélation entre l'intrigue principale
et cette idylle avortée.
Ce n'est pas que rien ne marche, il y a parfois un petit éclair,
un instant de grâce, mais tout retombe très vite dans
un faux rythme, une excitation molle pas très loin de l'ineptie.