C'est un récit minimaliste,
à la Kelly Reichardt, qui s'attache aux pas d'un trio qui
randonne en forêt, une adolescente avec deux hommes d'âge
mûr, son père et un ami du père.
Il y a bien sûr les petites péripéties dues
à la marche, à la fatigue, au bivouac. Il y a aussi
les incompréhensions entre générations, les
amusements réciproques, les silences qui en disent long et
les discussions stériles. Les émerveillements face
au paysage, les petits plaisirs que la nature offre à ceux
qui savent les accepter.
Et puis il y a autre chose. Un rien, juste une phrase dont certains
diraient qu'elle est malencontreuse. Mais non. Elle n'est pas le
fruit d'une maladresse en passant. On la sent arriver, ou son équivalent.
Elle vient de loin, d'une habitude masculine, et c'est rien, bien
sûr. C'est rien sauf qu'elle induit quelque chose qui est
loin de n'être "rien". Probablement, il y a une
vingtaine d'années, ou même une dizaine, on n'en aurait
pas fait une histoire, encore moins un film. Ce qui prouve que les
choses changent. Mais que rien n'est acquis.
Le film est d'une grande délicatesse pour aborder ces lourdeurs
tellement ancrées... qu'en sera-t-il dans quelques années
? Peut-être en rira-t-on, ou pas.