C’est la preuve qu’on
peut encore produire un cinéma de (très) haute qualité
sur la base d’un scénario classique, complexe, ne se
livrant pas d’un coup (pas de "pitch" racoleur), multipliant
les tiroirs, prenant son temps sans jamais ennuyer. Les recettes de
ce cinéma-là pourraient paraître d’un autre
âge mais le film est parfaitement de son époque, où
l’on a du mal à distinguer le bien du mal. Il y a du
Hitchcock dans cette enquête aux petits oignons et cet écrivain
candide qui fait le nègre, détective malgré lui.
Ce serait donc un Hitchcock, mais très amer, qui jetterait
un regard mi-fasciné, mi-désespéré sur
ce monde trouble de politiques, manquant de repères et de valeurs.
Un Hitchcock qui aurait (presque) oublié de placer sur la route
de son héros une innocente (apparente ou réelle), blonde
ou brune, chargée de lui donner le goût de se sauver…
mais un Hitchcock qui aurait gardé toute sa science des décors
et du tempo, de l’action qui s’emballe tout d’un
coup, des mystères pas tout à fait élucidés
même en fin de projection.
Bien sûr, il est question de l’axe (du mal ?) Grande-Bretagne-Etats-Unis,
engagé dans la lutte contre le terrorisme et par ce biais,
coupable d’actions illégales et/ou scandaleuses. Le fait
que l’auteur de cette œuvre soit Polanski, présumé
coupable aux yeux des USA dans une affaire de mœurs, rajoute
du sel dans l’affaire, qui est fort loin d’en manquer.