Gamines

Eléonore Faucher

L'histoire

Les souvenirs d'enfance de Sybille, qui vit avec sa mère et ses deux soeurs. Le père est parti depuis longtemps.

Avec

Sylvie Testud, Amira Casar, Zoé Duthion, Louise Herrero, Roxane Monnier, Jean-Pierre Martins

Sorti

le 16 décembre 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Jouer son (presque) propre rôle

 

 

Eléonore Faucher avait fait preuve de beaucoup de finesse dans son premier film, "Brodeuses". Doux, pudique, fort, plastiquement superbe, racontant une amitié entre une jeune fille et sa patronne, qui pourrait être sa mère…
C’est donc avec un gros a priori positif qu’on pouvait découvrir ses "gamines" et en même temps, il y avait la crainte de la déception possible, tant l’entreprise avait quelque chose de risqué : le film est l’adaptation d’un roman autobiographique, et le personnage principal est joué par celle qui l’a écrit, Sylvie Testud en personne… Comment passer de l’état d’écrivain se racontant elle-même, à celui d’actrice jouant son propre rôle, ou presque ? Comment interpréter des scènes que l’on a vécues dans le monde réel ou fantasmées jusqu’à les croire vraies ? Comment la réalisatrice allait-elle pouvoir imprimer sa propre imagination, faire œuvre de création face à celle qui sait, puisque le personnage, c’est elle…
Le résultat est hybride, pas très équilibré entre les deux périodes, celui de l’enfance et celui de l’âge adulte. Lorsque Sylvie Testud joue son propre personnage, adulte, on sent qu’elle force son naturel, elle est elle-même, sans l’être vraiment. Comme si elle avait voulu créer une autre Syvie Testud (Sybille dans le film), en étant tout de même proche de l’original. La réalisatrice tourne autour, sans jamais véritablement l’apprivoiser. C’est assez maladroit, un peu déstabilisant sans parvenir à l’émotion qui aurait pu se justifier au vu des échanges entre les personnages.
L’enfance, qui occupe tout de même la grande majorité du film, n’a absolument pas les mêmes couleurs, le même éclairage, la même façon de raconter les faits… D’ailleurs, ce ne sont pas des faits, ce sont des souvenirs, et par là même recomposés, idéalisés ou noircis. Eléonore Faucher, dans toute cette partie, semble beaucoup plus à l’aise, créant sans doute avec ses propres souvenirs, des années 70-80 ressemblant aux années 50-60, finalement hors du temps. Les trois sœurs ont beaucoup de complicité, la plupart des scènes sonnent juste, on sent la volonté de donner des pistes au spectateur quant au mystère du père ayant abandonné sa famille… Mais le trait est un peu forcé, la couleur criarde, les effets de sens trop appuyés, il manque ce qu’il y avait dans "Brodeuses", la finesse, l’équilibre entre un recul pudique et une approche profonde des personnages. On reste malheureusement dans une sorte de caricature, d’histoire racontée aux enfants, sans ambiguïté, sans zones d’ombre…
Le film se voit sans déplaisir, mais au bout du compte, il ne reste pas grand-chose d’autre qu’une succession d’images d’un autre temps.

 

 

 

 

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