Gagarine

La cité Gagarine d'Ivry sur Seine existe. Ou plutôt, elle existait. Les deux réalisateurs auraient pu faire un documentaire sur sa destruction, ils ont pris un autre parti et fait le pari de la fiction, qui flirte avec le fantastique. Il en résulte un film inclassable, pas un film de banlieue avec ses inévitables dealeurs (oui, il y en a bien un, mais pas tout à fait comme on peut l'imaginer), descentes de police et femmes voilées; pas non plus un film de rédemption angélique où les protagonistes partent de bien bas pour devenir des héros exemplaires… non, juste une drôle de rêverie, les pieds bien ancrés dans la réalité, la tête dans les étoiles – et parfois l'inverse. Il y a une foi dans le pouvoir du cinéma qui peut tout permettre. Question effets spéciaux, on est plus prêts de Gondry que de Nolan et c'est tant mieux, c'est autant un film d'artistes que d'artisans, le film n'a pas à masquer derrière des images numériques un vide scénaristique. C'est plein de sens, chacun y verra les siens, chacun les sentira vibrer.