Fruitvale station

Ryan Coogler

L'histoire

Le 1er janvier 2009 au matin, Oscar Grant, 22 ans, croise des agents de police dans la station de métro Fruitvale, San Francisco. Le film raconte les vingt quatre heures qui ont précédé cette rencontre.

Avec

Michael B. Jordan, Melonie Diaz, Octavia Spencer, Ariana Neal, Kevin Durand

Sorti

le 1er janvier 2014


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Un coup pour rien

 

Pour ceux qui seraient passés à côté du fait divers dont s'inspire le film, l'ouverture, sous la forme d'un écran vertical de téléphone portable, remet tout le monde dans l'ambiance, un crime ? une bavure ? en tous cas un événement dramatique sur un quai de métro, très médiatisé parce que représentatif d'une certaine violence des banlieues américaines. Deux flics blancs particulièrement énervés interpellent quelques jeunes noirs ayant participé peu avant à une bagarre. Le ton monte très vite, la procédure policière est d'une agressivité sidérante, les jeunes prennent peur et se débattent, on entend un coup de feu. Un des jeunes est mortellement touché alors qu'il est cloué au sol...
Ce prologue est la captation réelle du drame, visible sur internet quelques heures après. La suite du film est un flashback racontant la dernière journée du jeune homme. Cela pourrait être édifiant, révoltant, ou tout simplement désolant... On en sort avec une impression de malaise, comme si tout cela était biaisé d'avance par la seule intention d'en faire un film, une fiction. Dans quel but ? Pour quels spectateurs ?
Le réalisateur a déclaré vouloir redonner une humanité à la victime, car le procès des policiers fut bien sûr très politique, les uns décrivant le jeune homme comme un ange n'ayant rien à se reprocher, les autres l'accusant de tous les maux et ayant récolté ce qu'il méritait. L'histoire de cette dernière journée tente de lui redonner une certaine vérité, et en cela, échoue lamentablement. C'est un ramassis de clichés et de faits tellement démonstratifs qu'ils en deviennent parfois drôles, à leurs dépens, comme cette ridicule scène où l'on voit le héros pleurer parce qu'un chien errant vient de se faire renverser par une voiture, ou bien celle, non moins grossière, qui le montre jetant son paquet d'herbe à la mer, parce qu'il décide de ne plus risquer la prison et la honte de sa mère... Bien sûr, tout n'est pas aussi nul, et il est bien difficile de ne pas céder à l'émotion par moments, ou ne pas être pris par le récit en forme de compte à rebours, filmé au plus près, caméra au poing, dans un style percutant et plutôt efficace.
Mais au final, la gêne l'emporte, la démonstration étant bien trop voyante. N'aurait-il pas été plus intéressant de montrer la journée des flics en parallèle de celle de la future victime ? On aurait sans doute compris (ou pas) pourquoi sont-ils dans un tel état au moment de l'interpellation... Le film ne parlera qu'à certains qui ont déjà choisi, depuis longtemps, leur interprétation des faits. Un coup d'épée dans l'eau, donc. Ou un coup de feu en l'air, ce qui n'est pas malheureusement pas le cas.

 

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