Frozen river *

Courtney Hunt

L'histoire
Parce qu'elles ont besoin d'argent, deux femmes tentent de faire franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis à des immigrants dépourvus de papiers.

Avec

Melissa Leo, Misty Upham, Michael O’Keefe

Sorti

le 7 janvier 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1
Ne pas sombrer




 

De l’autre côté du rêve américain, il y a les laissés pour compte, les sans-grade, ceux dont la plus grande espérance est de pouvoir se payer un mobile-home tout neuf, avec baignoire à jets, entièrement moquetté et parfaitement isolé : pas besoin de dégeler les tuyaux d’arrivée d’eau au chalumeau, au risque de tout faire flamber. Cette misère sociale, générée par un système économique de plus en plus gangrené de l’intérieur, est ici simplement esquissée, elle n’est que le décor, le contexte dans lequel se déroule une histoire qui frôle la tragédie, qui à tout moment pourrait basculer dans l’irrémédiable. Mais parce que le souhait de la réalisatrice (également auteur du scénario) n’est pas de sombrer dans le pathétique, le récit maintient toujours ses personnages au bord de la chute, préservant leur dignité morale.
On ne peut pas parler d’amitié entre les deux femmes, il s’agit simplement de survie, et d’une sorte de reconnaissance mutuelle dans la lutte pour ne pas tout perdre. Elles ne sont pas magnifiques ou héroïques, comme dans tant d’autres films américains, elles sont simplement humaines, et leurs actions, malgré la teneur plutôt sombre de l’ensemble, donnent des raisons d’espérer.
Par instants, le récit patine. La tension, palpable la plupart du temps, retombe parfois à l’occasion de scènes un peu laborieuses, mais au final, ces deux portraits de femmes restent en mémoire, émouvants, parfaitement crédibles, car la réalisatrice st parvenue à équilibrer de façon subtile l’aspect social désespérant et la part d’humanité, troublante et fragile, mais bien présente.

 

 

Vos commentaires

ça pourrait être la chronique sociale douloureuse de working poor américains, une étude des moeurs d'une réserve indienne aux confins des Etats Unis et du Canada, l'histoire sordide de passeurs (pas tous des ordures absolues) et de clandestins, une vision du grand froid où on grelotte rien qu'en voyant les images, la description de femmes résignées - ou pas - que l'amour maternel grandit.
ça pourrait être tout ça et ça serait sacrément indigeste.
au final c'est un tout petit peu de tout ça et si ça n'est pas léger, c'est humain, profondément et terriblement humain.
La morale n'est pas tout à fait sauve.
Les flics ne sont ni des salauds, ni des supermen.
La musique est distillée avec parcimonie, on la remarque à peine, mais elle accompagne parfaitement les moments clefs ou les silences.
Et le regard de l'adolescent qui clôt le film est d'une justesse absolue.
Je reconnais ma subjectivité absolue mais c'est un petit film qui vous parle pendant et surtout bien après que l'écran redevienne noir !

Marie A. 28 janvier 2009

 

Envoyez votre commentaire