The Florida Project *

Sean Baker

L'histoire

Moonee a 6 ans et un sacré caractère.
Lâchée en toute liberté dans un motel de la banlieue de Disney world, elle y fait les 400 coups avec sa petite bande de gamins insolents.
Ses incartades ne semblent pas trop inquiéter Halley, sa très jeune mère.
En situation précaire comme tous les habitants du motel, celle-ci est en effet trop concentrée sur des plans plus ou moins honnêtes pour assurer leur quotidien…

Avec

Brooklynn Prince, Bria Vinaite, Willem Dafoe, Valeria Cotto

Sorti

le 20 décembre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Misère rose bonbon

 

Elle est craquante, Moonee, mais elle est aussi insupportable. Une pile électrique, pleine de réparties cinglantes, six ans, pas polie du tout (mais alors, pas du tout du tout), dotée d'une mère qui l'adore et qu'elle adore, qui lui laisse tout faire et l'inciterait presque à faire d'autres bêtises que celles qu'elle invente toute seule… Moonee a de la joie à revendre, une énergie inépuisable, un regard sur les gens sans concessions. Elle vit dans l'instant présent, uniquement, exactement comme sa mère. C'est la vie en rose, en rose et en gras comme les sucreries et les glaces qu'elle s'enfile dès qu'elle en trouve. Une vie en rose, et pourtant c'est la misère. Pas de logement autre qu'une chambre dans un motel, Disneyland a deux pas sans qu'elle puisse en profiter, une mère qui certes l'adore mais qui ne lui donne ni les racines, ni les ailes. Juste de l'air. De l'impossibilité de se construire avec un tel manque de repères. Le gérant du motel (un personnage formidable, un saint homme à tout faire), les services sociaux, une amie de la mère qui loge dans une chambre voisine, et puis une autre femme un peu plus âgée et qui en a vu d'autres, tous sont autant de balises de détresse, des personnages qui les uns après les autres renvoient des alertes à la mère et à sa fille, qui leur montrent les limites, en vain. La mère n'est pas une mère, elle est au mieux une toute petite grande sœur qui n'empêcherait rien à sa fille et qui lui donne en exemple une vie au final invivable. La fille l'a-t-elle compris ou bien est-elle dans une pure insouciance ?
Le film est terrible car il ne juge pas, il ne condamne personne. Le spectateur a parfois envie d'applaudir cette liberté, cette absence de contraintes, cette façon de vivre en dehors des règles mais il y a aussi de quoi étrangler le rire qui peut naître de ces quatre-cents coups contemporains car il n'y a pas de rêve au bout, l'avenir est sombre et au contraire de la mer de la scène finale du film de Truffaut, le seul horizon possible est ici celui du château des illusions de Disney.

Vos commentaires pour ce film

L’envers du rêve américain à hauteur d’enfants et en Technicolor.
Sous le soleil de la Floride près de Disneyworld, c’est une plongée bouleversante dans la misère du sous prolétariat, les mères célibataires, les petits boulots, les bêtises (petites ou grandes) des enfants de six ans laissés à eux mêmes, sans surveillance et sans repères.
C’est poignant, terriblement crédible et les acteurs sont tous excellents.
Un des meilleurs films vus en 2017.


Isabelle E-C, le 1er janvier 2018

 

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