HPG est un acteur, réalisateur
et producteur de films pornographiques. C'est ce qui le fait vivre,
sans doute très correctement. Il se permet alors, avec ses
revenus, de produire, réaliser et jouer des films "classiques".
Son premier était un montage documentaire à partir
des prises de vues sur les tournages entre les scènes pornos,
le deuxième était une fiction, avec entre autres Eric
Cantona et Rachida Brakni. Ce troisième film est un inclassable,
un objet filmique pas vraiment identifié, fragile et génial,
très amateur et superbement poétique, parfaitement
cru et parfois sans queue (sans jeux de mots) ni tête.
Vu lors d'une séance spéciale avec la présence
d'HPG lui-même, de Christophe (le chanteur, oui, il a composé
la musique et apparaît dans une scène) et d'une partie
des techniciens et de quelques acteurs, le film s'est enrichi des
réponses que le réalisateur-acteur a bien voulu apporter
aux questions du public, principalement sur la préparation,
l'écriture (ou pas) d'un scénario, le montage (ce
qui a été gardé, ce qui a été
coupé)... Le personnage est haut en couleurs, un véritable
amuseur, bordélique dans son discours et probablement aussi
dans sa pensée, mais drôle, touchant, doté d'un
solide sens de la répartie et de l'improvisation.
Le film apparaît comme un auto-documentaire sur sa vie, montrant
quelques tournages (rien de porno n'est montré, juste suggéré),
sa vie quotidienne avec sa femme et ses enfants, le tournage d'un
film de fiction qu'il arrête au bout du deuxième jour,
ses relations avec ses amis et ses "collègues",
dans des scènes où la parole paraît débridée,
comme improvisée. On peut se demander pendant toute la durée
du film quelle est la part du vrai, la part du fictif, la part du
fantasme... D'après les réponses apportées
à l'issue de la projection, tout est écrit au préalable
avec beaucoup d'inspiration prise dans sa vie réelle, mais
les scènes gardées sont celles où l'improvisation
a été la plus importante.
Le résultat final est assez étrange, pourvu d'un charme
surprenant malgré la sensation que rien n'est vraiment maîtrisé.
L'ensemble est plutôt mélancolique, par les questions
que se posent les personnages, par l'amertume que certains ressentent
en analysant leur vie, par l'acidité avec laquelle l'existence
de tous est décrite. Et malgré cette impression de
blues, de grisaille, chaque scène est un morceau de comédie,
qui déclenche parfois un rire franc, ou qui distille un sentiment
de légèreté joyeuse, une émotion réelle.
Complètement sous-distribué, le film mérite
pourtant d'être vu, il a bien plus de sincérité,
de crédibilité et d'énergie que la plupart
des films intimistes auto-centrés, et dont les journaux dits
intellectuels proclament la grande qualité (souvent exagérée).