On retrouve, si ce n’est
avec plaisir, au moins avec intérêt, ce cinéma
roumain qui met en scène quelques disfonctionnements ou absurdités
des rapports sociaux dans ce pays qui passe douloureusement au capitalisme.
Le film "12
h 08 à l’est de Bucarest ", traitant avec un
humour acide de la Révolution anti-Ceausescu à l’épreuve
de la mémoire individuelle et collective, versait dans la comédie
et faisait rire (jaune). "La
mort de Dante Lazarescu", ou "4
mois, 3 semaines, 2 jours" étaient quant à
eux des véritables drames humains, graves et terriblement prenants.
Cette "fille la plus heureuse du Monde" tente de rester
entre les deux, ne cherchant ni à faire rire, ni à dramatiser
une situation qui penche moins vers la mélancolie que vers
l’absurde et l’amertume des relations entre une fille
et ses parents. Cet équilibre entre comédie et tragédie
empêche probablement de véritablement s’intéresser
à ce personnage d’adolescente mal dans sa peau et agressée
moralement de toutes parts. Dante Lazarescu ou Ottila, la jeune femme
de "4 mois, 3 semaines, 2 jours", avaient un pouvoir de
fascination que n’a pas Délia, la fille probablement
la plus malheureuse du Monde… Malgré cela, le film se
tient, avec un tempo un peu lent, mais parvenant tout de même
à montrer comment l’appât du gain, l’attrait
de la richesse et les difficultés financières d’une
famille peuvent transformer une journée pleine de promesses
en un cauchemar… Il n’y a pas d’équivalent
en Europe de ce cinéma-là, traquant les personnages,
creusant les situations jusqu’à l’absurde, disséquant
les relations humaines gangrenées par l’argent…