Mais que veut-elle donc nous
dire, cette fille du patron ? Que le film social français
a toujours de beaux jours devant lui ? Mais aussi que malgré
les années passées, les situations n'ont pas changé,
et qu'on pourrait raconter presque la même histoire dans les
années 40, avec Gabin et une jeune actrice aux beaux atours
? La solidarité masculine, d'entreprise ou sportive (ici
les deux sont réunies), est traitée à l'ancienne
: l'honneur, le respect, la fraternité s'opposent à
la trahison, à la mesquinerie, à la tromperie. Mais
personne ne représente le bien, comme personne n'est fondamentalement
mauvais. A vouloir à tout prix éviter le manichéisme,
le scénario fait de ses personnages des entités pas
toutes intéressantes, et les enchaînements des faits
sont assez prévisibles. Tout cela est plutôt bien joué,
avec énergie, mis en scène sobrement, sans beaucoup
de contrastes, mais sans relâchements. L'histoire d'amour
(de désir, essentiellement) est moins crédible que
tout ce qui concerne le fonctionnement de l'usine, les relations
entre les ouvriers, les cadres, le patron… Olivier Loustau
choisit de montrer surtout les étreintes, et moins les mots
échangés, ce qui ne permet pas au spectateur de croire
à tout ce qui se passe entre les deux personnages qui tombent
l'un pour l'autre, tandis qu'au sein de l'entreprise et de l'équipe
de rugby, les rapports sont largement exposés, avec plusieurs
points de vue, intérieurs mais aussi extérieurs (par
l'intermédiaire des femmes, essentiellement). Peut-être
la double casquette acteur réalisateur était-elle
un peu large pour Olivier Loustau qui fabrique ici son premier film,
loin d'être inintéressant, mais seulement partiellement
réussi.