Le bracelet en question n'a rien
de décoratif. Il est un empêcheur de se sentir libre,
pour une jeune fille qui a tué sa meilleure amie, ou pas.
Elle attend son procès, confinée chez elle. Puis le
procès commence, et le récit bascule dans la tradition
du film d'assises, avec accusée, avocats, président
du tribunal, témoins, ... Tradition revisitée dans
un souci de vérité, tout ce que l'on voit à
l'écran semble fort bien documenté, sans effets dramatiques
ou grandiloquents. Il en résulte une certaine froideur, les
personnages sont difficilement cernables et l'on en sort avec beaucoup
de questions. Malgré cet aspect glacé, le film est
prenant, pas vraiment divertissant (à vrai dire, pas du tout),
mais très intéressant sur ce que peuvent être
la justice, un jugement, des preuves, des convictions, la morale
à l'épreuve des faits et vice versa... Le réalisateur
n'a pas donné le rôle le plus facile à sa sœur,
Anaïs Demoutiers est parfois un peu caricaturale en avocate
des parties civiles, un peu monolithique, manquant de finesse. Annie
Mercier, qui joue l'avocate de la jeune fille, semble plus nuancée,
mais son rôle est plus intéressant, mieux écrit,
comme si le réalisateur avait choisi son camp, quelque soit
l'issue du procès… Quant aux parents, interprétés
par Roschdy Zem et Chiara Mastroianni, leur évolution est
passionnante, entre désarroi, convictions et doutes. En tout
état de cause, la jeune fille demeure un mystère,
ses intentions comme ses sentiments restent en partie secrets, c'est
alors le constat que les adultes n'ont pas tous les éléments
pour saisir la complexité des états d'âme d'une
adolescente.