Bonne idée que d’avoir
voulu décrire un milieu professionnel rarement montré
au cinéma, celui des marins embarqués sur des paquebots
au (très) long cours. Une poignée d’hommes et
de femmes chargés de faire naviguer un monstre d’un
port à l’autre, changeant de cap au gré des
fluctuations des bourses du commerce. Pas tout à fait maîtres
de leur destination, donc, mais maîtres à bord, responsables
de la bonne marche du bateau, travaillant durement au plus près
des moteurs, personnages à part entière à tel
point qu’ils ont leur propre nom…
La réalisatrice réussit très bien tout l’aspect
descriptif de ce milieu professionnel exigeant, où les relations
sont directes, avec des mots qui fusent, des regards qui doivent
parler pour communiquer au milieu du vacarme des machines. Tout
cela semble crédible, bien documenté, saisissant.
Dans ce contexte fort, les personnages ne sont pas en reste, ils
ont de fortes personnalités, incarnés par des acteurs
qui n’en font pas trop, sans clichés, simplement vivants,
avec leur part de mystère et d’actions inexpliquées.
Et puis, il y a l’histoire, une femme qui ne veut pas, ou
ne sait pas ou ne peut pas choisir entre l’homme qui l’aime
sur la terre ferme, et celui qui l’aime en mer. Et cette histoire
peut laisser indifférent, sans doute parce que l’intérêt
qu’on lui porte est beaucoup plus léger que celui amené
par le contexte, parce qu’aussi le récit des amours
d’Alice est somme toute assez attendu, un peu schématique.
Cette faiblesse fictionnelle fait qu’on s’intéresse
moins aux personnages, il est bien difficile de s’y attacher,
de trembler pour eux…