Outre le plaisir toujours évident
de voir Luchini et Kiberlain amuser la galerie, le sujet, sans doute
inédit, avait de quoi éveiller la curiosité.
En effet, parler des émigrées espagnoles exploitées,
de leur intégration éventuelle, du mépris des
Français à leur égard, pouvait renvoyer à
notre période et ses aberrations diverses concernant les travailleurs
émigrés et leurs familles, avec papiers ou non.
Mais il ne s’agit que d’une comédie, l’aspect
social, même s’il est un peu plus qu’effleuré,
n’est qu’un prétexte. Tout est trop joli, sentant
bon le parfum suranné des années 60 idéalisées,
comme la chanson de Dalida (Itsi petit bikini) que fredonnent les
bonnes espagnoles tout en récurant les sols, la vaisselle et
les effets personnels d’une famille bourgeoise, trop bourgeoise
pour être vraie… Pas de sensation d’amertume, les
quelques répliques vaguement politiques viennent à la
superficie de l’ensemble, on est bien dans le registre de la
comédie nostalgique d’une époque, et il faut bien
dire que cette dernière est tout de même plus digeste
que les écoeurantes années 70 que l’on a pu voir
dans "Potiche"…
Mais l’absence de rythme, un récit finalement assez convenu
et donc plutôt prévisible et un renoncement à
tout ce qui pourrait choquer font glisser le film vers la catégorie
des objets décoratifs que l’on finit par remiser dans
l’armoire. Il reste tout de même le sourire de Natalia
Verbeke, quelques mines ahuries et réjouissantes de Fabrice
Luchini, et le détachement subtil de Sandrine Kiberlain.