La richesse, plus elle est importante,
plus elle est obscène. Et celle-ci, la richesse de Bettancourt,
même si elle n'est pas nommée ainsi c'est bien elle,
ou si ce n'est pas elle, elle lui ressemble, elle se compte en milliards.
Un cadeau d'un million pour un anniversaire d'un petit fils, cela
n'est rien. Alors quel intérêt de dépenser de
l'énergie pour montrer les soucis de ces personnes-là
? Parce que ce sont des personnes, me direz-vous. Si peu…
Je les imposerais bien avec une taxe Zucman à l'envers. Leur
laisser 2% de leur fortune, et prendre tout le reste pour le reverser
à ceux qui font la queue aux restos du cœur. Ce serait
du ruissellement, du vrai. Mais je m'égare. Le film pourrait
faire de cette histoire lamentable (un type qui se prétend
artiste, et qui l'est sans doute, se met dans la poche la milliardaire
et lui extorque quelques centaines de millions), une sorte de parabole
sur ce que l'argent peut détruire, l'humanité en premier
; ou bien un récit à la Shakespeare, avec un fou de
la reine qui se brûlerait les ailes à force de tutoyer
les puissants. Mais le film se contente de décrire le fait
divers, avec assez peu d'originalité, de façon très
linéaire. C'est propre et élégant dans sa forme,
même les insanités proférées par l'artiste-arnaqueur
ne choquent pas grand-monde. Certes les acteurs s'en donnent à
cœur-joie, Lafitte en premier, mais on reste loin de la farce.
Le regard du réalisateur manque d'acidité, d'ironie
et, ce qui est encore plus étrange, d'un point de vue.