Faute d’amour *

Andrey Zvyagintsev

L'histoire

Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

Avec

Alexey Rozin, Maryana Spivak, Marina Vasilyeva, Alexey Fateev, Andris Keishs

Sorti

le 20 septembre 2017


La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Déchéance d'Humanité

 

C'est implacable. C'est une dissection en direct des rapports humains qui se tissent, qui se déchirent, qui se tendent à l'extrême, qui se détruisent. Et qui au passage détruisent les êtres eux-mêmes. Peu de personnages : une femme, son ex-mari, son nouveau compagnon, la nouvelle amie de son ex-mari. Et puis un enfant qui s'en va et a de sacrées bonnes raisons pour le faire. Sans oublier, en apparence extérieur et en réalité presque au centre, le responsable d'une association qui cherche les enfants disparus. Zvyagintsev a fabriqué une histoire très simple, trop simple pour être le cœur du film. Ce sont les relations entre ses personnages qui l'intéressent. Il les exposent à travers de longues scènes très travaillées, intenses, alternant des dialogues montrant le plus souvent beaucoup de rancœurs, de reproches, de mépris… avec des moments contemplatifs tristes, gris, froids, d'une beauté crépusculaire. Ça n'est pas d'une folle gaité… Zvyagintsev juge son pays très sévèrement, et en particulier les nouveaux riches. Mais le film n'est pas qu'un constat de la faillite des rapports sociaux en Russie, le propos est bien plus universel : le monde perd peu à peu de son Humanité, l'individualisme détruit toute empathie et les quelques résistants à cette déchéance de la fraternité ne sont pas des super héros. Et d'ailleurs, probablement aucun américain n'aurait pu imaginer un tel récit, aussi noir, aussi désespéré. Finalement, d'une perfection formelle hallucinante, le film fait bien plus peur que "Ça", rétrospectivement. Il est aussi beaucoup plus réel. D'une lucidité terrible.

 

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