"Les choristes" avait été un petit phénomène
de société, un succès inattendu, basé
sur un récit solide et une façon très politiquement
correcte de magnifier des valeurs universelles, tolérance,
fraternité, coopération, don de soi…
Christophe Barratier a pris son temps et n’a pas réalisé
un "choristes 2", ce qui est déjà tout à
son honneur. Quelques ficelles et éléments de l’histoire
sont repris dans "Faubourg 36", récit en flash-back,
montage d’un spectacle musical, héros sans histoire d’amour…
mais on lorgne plus cette fois-ci du côté des comédies
tragiques, avec des personnages au destin exemplaire…
Tous les éléments de la bonne vieille histoire classique
sont réunies, c’est un feuilleton en raccourci, avec
ses archétypes : le riche protecteur jouant le rôle du
méchant, le jeune premier rebelle et n’ayant peur de
rien, l’amuseur de service un peu faible dans ses convictions,
la belle ingénue au cœur du drame…
Le film souffre de ses impératifs de production : une mise
en scène consensuelle, sans rien qui puisse choquer, plate
en quelque sorte ; une durée trop longue (il faut que tout
soit bien expliqué, zones d’ombre interdites) ou trop
courte : une heure de plus aurait peut être été
nécessaire pour lui faire prendre de la hauteur, pour lui donner
de la démesure, de la passion, du romantisme échevelé.
En guise de quoi, on a le droit à une petite histoire pas très
bien ficelée, avec une actrice malheureusement fadasse dans
le rôle de celle par qui tout arrive…
Les numéros de cabaret n’ont absolument rien d’exceptionnel,
convenus et ternes, excepté un épisode de vacances à
la mer, qui pour le coup paraît déplacé et incongru.
Il y a donc fort à parier, malgré ses acteurs connus,
pour que ce faubourg n’enflamme pas les foules et reste bien
en deçà du phénomène choral d’il
y a quatre ans.