Film noir mat, ces fantômes
ne devraient pas laisser indifférent. Inspiré de faits
réels, le récit est centré sur un Syrien installé
en France et traquant les criminels de guerre de son propre pays
et plus particulièrement son bourreau en prison. Les raisons
pour lesquelles il sait que ce dernier se trouve dans la même
ville que lui restent très floues, ce n'est pas vraiment
un film d'espionnage, plutôt une exploration psychologique
qui touche au post-trauma, à la résilience, à
la nécessité de se trouver un objectif après
avoir perdu ce qu'on avait de plus cher… Le personnage principal
court après une vengeance, ou une forme de justice, il y
a comme une espèce de vertige qui le fait à la fois
tenir debout et s'abimer dans une obsession morbide. C'est sombre,
sec, éprouvant, parfois opaque et par conséquent pas
tout à fait prenant. Etrangement, il y a dans cette quête
fantomatique, quelque chose de l'Ami américain de
Wim Wenders. Mais il y a aussi la douleur et l'horreur de l'exil,
l'absurdité de l'existence, exprimées sans effets,
qui peuvent paraître très éloignées des
préoccupations anodines d'un spectateur venu chercher un
peu de lumière dans un cinéma. Il y a donc la possibilité
de regarder cela avec effarement et empathie, mais de rester en
dehors de l'histoire, ou simplement à côté.
Malgré l'énorme travail sur le son, l'ensemble est
peut-être un peu trop rude, trop rêche.