Cela ressemble à un film
d'auteur, avec un sujet délicat, et une manière de
filmer et de monter les images plutôt singulière. Les
adultes sont relégués au second plan, ce sont juste
des silhouettes, des clichés. Toute l'attention est portée
sur un tout jeune adolescent, treize ans mais plus mûr que
son âge, quoique : parfois il redevient un enfant. Il passe
des vacances assez agréables mais on le sent ailleurs, peu
concerné par son entourage. Un ado taiseux… Et puis
survient une jeune fille, trois ans de plus que lui. Trois ans c'est
rien, mais à cet âge, c'est un gouffre. Un gouffre
dans lequel il tombe lentement, mais sûrement. Le désir
bien sûr, mais pas que ça. La jeune fille ne l'ignore
pas, établit une relation particulière avec lui, mais
le délaisse aussi. Pour lui, le gouffre est profond, tentant,
cruel et délicieux. Cela s'appelle de l'amour, peut-être.
Les premiers émois amoureux sont dépeints ici avec
justesse, dans toute leur incertitude, autant dans l'émerveillement
de la découverte que dans la douleur des désillusions.
Le drame est latent, quelques fantômes rodent, et la fin peut
remettre en cause une partie du récit qui précède.
Cela pourrait être une première œuvre formidable
et pleine de promesses, mais il y a quelque chose qui ne fonctionne
pas tout à fait, une mise en scène un peu chichiteuse,
un peu maniérée, des scènes qui s'étirent,
le grain de la pellicule (ce n'est pas du numérique) un peu
trop voyant et qui surligne l'aspect "film d'auteur",
des dialogues très naturels mais qui frisent le vide, une
jeune actrice sans doute pas assez mystérieuse, manquant
peut-être de charisme ?
Ce récit d'une perdition a tout de même pas mal d'atouts
et peut toucher. Il aurait sans doute gagné un surplus d'émotion
avec davantage de simplicité.