C'est une histoire presque classique,
celle d'un secret, un silence qui recouvre la véritable raison
de la mort d'une femme, mère d'un garçon avec qui
elle entretenait une relation d'une grande complicité. L'enfant
devenu homme sait, fort probablement, dans son inconscient, pourquoi
sa mère est morte, certainement pas d'un infarctus foudroyant
comme son père tente de lui faire croire tout au long de
sa vie. Il le sait mais n'ose pas le comprendre, certes il pose
la question aux proches de ses parents mais sans doute tous ceux
qui lui répondent préfèrent le laisser découvrir
seul la vérité. Nous, spectateurs, bien que rien ne
soit montré explicitement, nous avons compris très
tôt.
Le film fait des allers et retours entre l'enfance bénie
puis brisée d'un coup et la vie d'homme de celui qui devient
journaliste. C'est l'adaptation d'un roman autobiographique, et
sans l'avoir lu, on sent que le réalisateur parfois n'a pas
osé trancher, couper telle ou telle partie. Du coup, il y
a un gros ventre mou au milieu du film, les petites amies successives,
la guerre en ex-Yougoslavie, le foot (il est, pendant un temps,
journaliste sportif), une interview étrange qui finit mal,
tout cela n'a que peu d'intérêt par rapport aux séquences
de l'enfance qui parviennent à laisser planer le doute, entre
onirisme léger, rêve éveillé, illusion
ou réalité... Bien sûr, tout est prétexte
à donner des pistes au personnage pour qu'il puisse ouvrir
les yeux mais la façon dont est montrée son obstination
à ne pas voir la vérité, à ne pas vouloir
la mettre à jour, devient systématique, un peu démonstrative
et légèrement ridicule. A partir du moment où
arrive le personnage joué par Bérénice Béjo,
le récit devient plus émouvant, plus évident,
c'est elle, quoique involontairement, qui l'aidera le mieux. Elle
n'a jamais été aussi bien filmée, elle impose
une très belle présence, un charme qui unit l'élégance
au naturel. Elle n'a finalement qu'un rôle secondaire mais
c'est bien elle qu'on retient.