La fabrique des sentiments *

Jean-Marc Moutout

L'histoire

A l’approche de la quarantaine, Eloïse souffre de plus en plus d’être célibataire. Elle s’inscrit à des séances de speed-dating et revoit deux hommes croisés là-bas. Elle est sujette à des malaises de plus en plus fréquents.

Avec

Elsa Zylberstein, Jacques Bonnaffé, Bruno Putzulu, Hiam Abbass, Anne-Katerine Normant

Sorti

le 6 février 2008

La fiche allociné

 

 

 

La critique d'al 1
Les fêlures invisibles

 

 

Auteur de l’excellent “Violence des échanges en milieu tempéré”, Jean-Marc Moutout s’attaque à la description des nouveaux rapports amoureux, loin d’une vision classiquement cinématographique. En filigrane, il dénonce le même souci d’efficacité dans les processus de séduction qu’au sein des entreprises. On retrouve la précision de la mise en scène, si frappante dans son premier film, mais celle-ci est comme lézardée par les sentiments, la mélancolie. Elle a moins d’assurance, mais peut être plus de charme.
Elsa Zylberstein incarne magnifiquement cette femme qui, sans être une “executive woman” obsédée par la réussite professionnelle, passe tout de même pour quelqu’un de toujours maître de son apparence, distante juste ce qu’il faut et un peu froide. Sa maladie est d’ailleurs révélatrice de son caractère : ce n’est pas une dépression, mais une affection physique, que l’on peut diagnostiquer avec précision, et traiter jusqu’à l’éradication. Il n’empêche que cette apparence ressemble à une façade, et qu’elle se fissure à plusieurs reprises, ce qui nous vaut de très belles scènes basées sur des presque riens, comme celle où elle apprend sa maladie : formidable travail d’actrice, qui parvient à nous surprendre, à faire naître une émotion là où l’on ne l’attend pas. Ou bien encore la façon dont elle ment lorsqu’elle raconte les circonstances de sa rencontre avec son ami du moment, mettant en doute ce qu’elle vient d’affirmer la minute précédente.
Au final, on peut être plus séduit par ce portrait de femme moderne, bien plus fêlée qu’elle n’y paraît, que par une histoire un peu trop relâchée.

 

 

 

 

 

Vos commentaires

 

 

Envoyez votre commentaire