Auteur de l’excellent “Violence
des échanges en milieu tempéré”, Jean-Marc
Moutout s’attaque à la description des nouveaux rapports
amoureux, loin d’une vision classiquement cinématographique.
En filigrane, il dénonce le même souci d’efficacité
dans les processus de séduction qu’au sein des entreprises.
On retrouve la précision de la mise en scène, si frappante
dans son premier film, mais celle-ci est comme lézardée
par les sentiments, la mélancolie. Elle a moins d’assurance,
mais peut être plus de charme.
Elsa Zylberstein incarne magnifiquement cette femme qui, sans être
une “executive woman” obsédée par la réussite
professionnelle, passe tout de même pour quelqu’un de
toujours maître de son apparence, distante juste ce qu’il
faut et un peu froide. Sa maladie est d’ailleurs révélatrice
de son caractère : ce n’est pas une dépression,
mais une affection physique, que l’on peut diagnostiquer avec
précision, et traiter jusqu’à l’éradication.
Il n’empêche que cette apparence ressemble à une
façade, et qu’elle se fissure à plusieurs reprises,
ce qui nous vaut de très belles scènes basées
sur des presque riens, comme celle où elle apprend sa maladie
: formidable travail d’actrice, qui parvient à nous surprendre,
à faire naître une émotion là où
l’on ne l’attend pas. Ou bien encore la façon dont
elle ment lorsqu’elle raconte les circonstances de sa rencontre
avec son ami du moment, mettant en doute ce qu’elle vient d’affirmer
la minute précédente.
Au final, on peut être plus séduit par ce portrait de
femme moderne, bien plus fêlée qu’elle n’y
paraît, que par une histoire un peu trop relâchée.