Etrange chose que ce film, encore
plus étrange quand on sait que le grand Wim Wenders en est
le réalisateur. En l'ignorant, j'aurais parié sur
un Atom Egoyan…
Il est question de culpabilité, de traumatisme et de la façon
dont on vit avec, dont on l'évacue… ou pas. Quelques
scènes sont intéressantes, surtout pour les dialogues
et les rapports entre les personnages. Mais d'autres jouent sur
un suspense qui n'a pas lieu d'être dans le récit.
Ce n'est pas qu'elles sont mal réalisées, elles paraissent
juste déplacées, comme celle qui suit l'accident,
avec une interrogation malsaine sur le sort de la victime, ou bien
en fin de film, quand une menace plane sur la maison de l'écrivain
: à ce moment-là du récit, on ne peut que savoir
d'où elle vient et la façon dont la scène est
filmée tient du film d'épouvante… quel intérêt
?
L'ensemble ne tient donc absolument pas, c'est un conglomérat
d'éléments divers, de très belles images de
la campagne canadienne et quelques bonnes idées de scénario
noyées dans un récit laborieux et particulièrement
lourd, souligné par une musique redondante (Alexandre Desplat
! on est loin de la pétulance des musiques pour les films
de Wes Anderson…), interprété par des acteurs
qui ne semblent pas très concernés. Il faut dire que
certains personnages ne sont pas très bien écrits…
Charlotte Gainsbourg refait le coup de la mère meurtrie,
on aimerait en savoir plus sur son passé, et sur ce qui,
dans la religion, l'aide à surmonter les épreuves.
Rachel McAdams et Marie-Josée Croze malgré leur importance
dans le scénario, ne semblent faire que de la figuration.
Et James Franco dort d'un bout à l'autre du film. Son calme
apparent est sans doute la façon personnelle de son personnage
de réagir à tout ce qui lui arrive, il n'empêche,
il donne au film un aspect anesthésiant, on en sort avec
l'impression d'avoir avalé un Valium.
Dis, Monsieur Wenders, ça fait combien de temps que vous
n'avez pas fait un vrai bon film ?