C’est l’histoire d’un
photographe qui devient fou parce qu’il tombe amoureux d’une
morte qu’il est venu immortaliser (si l’on ose dire).
Énoncé comme cela, on pourrait s’imaginer un récit
romantique, épique, merveilleux, sombre et passionné.
C’est effectivement tout cela, mais d’un ennui mortel.
La morte (pourtant la très belle Pilar Lopez de Ayala) a un
sourire parfaitement niais, elle vole et emporte l’homme qui
est épris d’elle, au-dessus de la ville et de la campagne.
Ce qui devrait être un moment poétique, onirique, fantastique,
devient au choix un documentaire sur les prémisses des effets
spéciaux, ou bien une occasion de rire (enfin !) tellement
la scène est ridicule (à moins que cette hallucination
ne soit justement montrée uniquement par le biais d’un
procédé parfaitement artificiel, pour signifier qu’elle
ne fait pas partie du monde réel). Le photographe, dont l’appareil
photo ressemble à un jouet, n’a aucun charme, il prend
un air tourmenté avec des yeux tristes, mais il ne déclenche
aucune émotion.
L’ensemble donne l’impression d’une œuvre pour
initiés, rien n’est expliqué, on se demande pourquoi
le photographe s’intéresse aux travailleurs de la terre
(sans doute pour qu’il puisse se confronter au réel –quoi
de plus réel que la terre ?- en totale opposition à
lui-même, prisonnier d’un amour imaginaire), quelle est
la signification de l’oiseau, que viennent faire les trois savants
et qu’apporte leur discours ? Au bout de quelques minutes, on
est partagé entre l’ennui sans cesse croissant et l’espoir
qu’à un moment, le film bascule vers autre chose…
mais rien ne vient, la forme reste absolument terne, austère,
sans attraits ; le fond semble vide, insignifiant, sans intérêt.
(merci à Delphine D pour sa vision éclairante, mais
non moins critique)