La première scène
du film est renversante, bouleversante, elle annonce d'une certaine
manière toute la tonalité du film : on parlera de choses
graves avec du recul et de la sensualité. Après le splendide
"Caramel",
d'une universalité stupéfiante, on pouvait attendre
Nadine Labaki au tournant : elle insuffle dans ce deuxième
long-métrage la même dose de dérision et d'humour,
en rajoutant cette fois-ci une dimension politique, qui pourrait par
moments paraître simpliste, comme dans le tout récent
"cochon de Gaza", mais qui au contraire de ce dernier, montre
un profond respect des communautés, de leurs coutumes, de leurs
convictions. Ici, ce ne sont pas les Musulmans et les Juifs qui s'opposent,
puisque ces derniers sont remplacés par les Chrétiens,
mais au fond, le message est le même : les raisons de l'affrontement
sont dérisoires, la paix est possible, l'histoire racontée
dans le film en est la preuve. Ce qui tranche par rapport au cochon
de Gaza, c'est le rôle des femmes, leur délicate (ou
pas) façon de détourner les hommes de la guerre, sans
autres armes que leurs paroles, leur charme et surtout leur intelligence
: en tant qu'homme, on peut se sentir d'une grande bêtise à
l'issue de la projection…
L'ensemble est drôle, parfois même très drôle…
malgré, suspendue au-dessus du village, la possibilité
du drame. Et lorsque celui-ci arrive, après quelques instants
de stupéfaction où l'on est comme assommé, l'aspect
volontairement décalé, qui s'approche parfois de la
farce, reprend le dessus.
Au final, on est sans doute moins surpris, moins séduit qu'avec
Caramel, peut-être parce que cette deuxième œuvre
de Nadine Labaki a moins de brillance formelle et, au fond, se prend
un peu plus au sérieux. Mais il n'empêche, en deux films
la réalisatrice-actrice impose un ton, une belle manière
de jongler entre la séduction et le récit dramatique.
Vivement le troisième…