Un été suédois

Sortir de l’enfance à dix ans, c’est un peu tôt. On ne peut donc pas parler à propos de cet été très initiatique d’un passage à l’adolescence. C’est juste une succession de situations troublantes, douces ou choquantes, frôlant parfois l’extrême, pour une petite fille pas tout à fait attachante. Butée, froide, peu communicative, sourire absent, regard dur et perçant, elle n’a pas grand-chose de l’enfant qui fait fondre le spectateur. Mais ses peurs, ses doutes, sa mélancolie font qu’elle maintient l’intérêt, d’autant plus que l’ensemble est d’une grande délicatesse. Beaucoup d’aspects de la vie intérieure enfantine sont évoqués, le désir, la peur et le refus de ce désir, le dégoût et la fascination face au monde des grands, le besoin d’indépendance et aussi celui de protection… Montrer tout cela n’est pas si commun au cinéma, les quelques adultes intervenant dans le récit apparaissent comme déconnectés, incapables de comprendre la petite fille, le spectateur peut donc être troublé, en manque de repères, comme si lui aussi était exclu de l’univers de cette petite personne, que l’on quitte encore nimbée de pas mal de ses mystères.