Il y a deux aspects dans ce type
de récit, pas si courant dans un cinéma français
bien frileux quand il s'agit d'aborder les risques environnementaux.
D'abord le côté presque documentaire et probablement
plutôt bien renseigné d'une catastrophe nucléaire.
Ou juste d'un incident, qui vire à l'accident, et pourrait
se transformer en fin du monde. Là dessus, l'indigence de
la réactivité des pouvoirs publics est assez saisissante,
bien qu'elle ne soit montrée que de loin, et par le biais
des médias, qui racontent ce que les autorités leur
disent de diffuser. C'est inquiétant et effarant. Les humains
ont su fabriquer les moyens de se contaminer en masse, et optionnellement
de détruire toute vie dans de très larges périmètres,
sans véritablement prévoir de quoi se protéger
au cas où les choses tourneraient mal. Si l'on continue à
se vautrer dans cette sacro-sainte croissance, la fin de l'Humanité
n'est pas bien lointaine.
Tout cela est évoqué... certains diront plutôt
finement, et avec une distance assez glaçante, d'autres trouveront
au contraire que le récit manque de radicalité et
qu'il ménage un peu trop le lobby nucléaire.
L'autre aspect abordé ici est d'ordre sociologique et psychologique.
Comment un groupe constitué réagit à une situation
d'une gravité extrême, comment les relations antérieures
à la situation peuvent-elles évoluer, les prises de
décisions sont-elles collectives ou individuelles, et le
désir dans tout ça... ? Autant de questions posées,
autant de réponses en suspens, rien n'est définitif,
rien n'est acquis... si ce n'est qu'au delà d'une certaine
exposition à la radioactivité, la mort est inéluctable.
Le récit pourrait être plus développé,
les personnages un peu plus éclairés (on devine leur
passé, on suppose des éléments de vie, sans
certitudes), la fin moins abrupte, mais ces zones d'ombre ne sont
pas non plus pour déplaire. Il y a une grande part de mystère
et c'est tant mieux.