Un été italien **

Michael Winterbottom

L'histoire

Un veuf décide de partir pour l'Italie avec ses filles pour redémarrer leur vie. Ces dernières évolueront chacune à leur manière, la plus jeune troublée par la vision du fantôme de sa mère, la plus âgée par la découverte de sa sexualité.

Avec

Colin Firth, Willa Holland, Perla Haney-Jardine, Catherine Keener, Hope Davis

Sorti

le 16 avril 2009

La fiche allociné

 

 

La critique d'al 1

Vibrations autour de l’absence

 

 

Tiens, oui, je n’avais pas remarqué, Winterbottom fabrique ses films caméra sur l’épaule. C’est ce que disent les journalistes et les vrais critiques de cinéma.
Dès la première scène, dont on a l’impression qu’elle est filmée en continu, véritable instant de vie, un petit bonheur en direct, c’est la plongée au cœur de cette famille, bientôt brisée. Peut-être est-ce cette caméra mouvante, au plus près des personnages, puis beaucoup plus loin mais toujours vibrante, peut-être est-ce cette caméra sur l’épaule qui donne des frissons, une émotion terrible. Ou peut-être est-ce juste moi, pris par ce tourbillon de sentiments contradictoires. Toujours est-il que lorsque le générique de fin s’est éteint, et qu’il faut retrouver la vraie vie, là-bas à l’extérieur, les images de ce film sont encore présentes, les personnages sont ici, à côté de moi.
Ce cinéma-là, fourmillant de détails, mais où rien n’est démontré ou expliqué, ce cinéma-là m’émeut, profondément. Bien sûr, on pourra y trouver des dizaines de défauts, l’absence de vision sociale, une légère complaisance à montrer la joliesse de la jeune fille, des accents mélodramatiques parfois à la limite de l’indécence. Oui, peut-être. Mais ces trois personnages existent, parfaitement crédibles et vivants, pleins de doutes, de turbulences, de contradictions. La douleur de l’absence est formidablement bien ressentie, différente en chacun d’eux, tenace et terrible pour la petite fille, enfouie et comme un sentiment d’injustice pour la plus grande qui cherche à s’étourdir pour l’oublier, ineffaçable pour le père qui dresse des barrières contre celles qui tentent de l’atteindre. Malgré le manque, l’absente n’est presque jamais évoquée entre eux, et les personnages secondaires qui s’y risquent se heurtent à ce fil invisible qui relie le père et ses deux filles, Kelly et Mary, dont les prénoms et les visages me sont devenus, l’espace d’une heure et demie, presque familiers.

 

 

 

Vos commentaires

Emouvant! la petite fille à elle seule vaut le déplacement.
Quant à Colin, rien que pour le revoir en papa, je pourrais aller voir un bridget jones 3, il est très à la hauteur comme père ! quant à la Lolita je laisse à Alain le soin d'en parler, c'est sa tasse de thé à lui !


Isabelle M. 29 avril 2009


Tes lignes sur L’été italien m’ont incitée à aller le voir, avec Jean, qui a trouvé le film très “prévisible”, bien qu’intéressant. J’ai été retenue surtout par les rapports entre les deux sœurs et par les difficultés, et pourtant le calme, du père face à ses enfants, dans cette solitude si peu bavarde. Tout va très vite, et la caméra nous chahute dans nos fauteuils, dans la forêt de pins, où l’on croit tomber soi-même, ou sur le scooter qui penche affreusement, à la fin, quand on ne la voit plus, la sœur aînée, fermer les yeux. C’est très efficace, mais souvent trop rapide, très “extérieur”. La ville de Gênes fait, malgré ce que tu dis, assez carte postale, avec visite touristique à l’appui, en dépit du périphérique et de l’université. Je n’ai pas succombé au charme de ses rues, qui m’ont ramenée à Naples et à sa vie grouillante, comme là, entre mer, port et tissu urbain.

Isabelle C. 30 avril 2009

 

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