Le visage de Johan Leysen imprime
l'écran. Visage buriné, portant la douleur, l'inquiétude.
Tout est à l'intérieur, le personnage est en manque,
cela se voit. En manque de quoi, c'est ce que le film va doucement
révéler. À l'opposé de cette intériorité,
Déborah François impose sa présence lumineuse,
joues rondes, fraîcheur, soif de vie et de plaisir. Ces deux-là,
père et fille, s'admirent et se craignent, s'interrogent l'un
sur l'autre. Les autres personnages, pour exister, n'ont d'autre choix
que tenter de s'immiscer dans cette relation père-fille.
Malgré le décor montagneux
très ouvert, on ressent une certaine oppression, on tourne
en rond, on est pris dans le malaise ambiant. Les nombreuses scènes
nocturnes ou très sombres amplifient cette impression d'étouffement.
La direction d'acteurs et les dialogues semblent très inégaux
: un très bel échange de regards succède à
une longue séquence démonstrative et beaucoup trop explicative.
L'ensemble a du caractère, le style est affirmé, mais
le film ne séduit pas, et malgré son sujet lourd et
propice à émotions, il n'y a guère de frémissements.