Drôle d'expérience.
A la sortie de la projection, l'impression d'avoir perdu son temps
domine, tant il ne se passe rein, tant le personnage principal paraît
lointain, trop "différent" pour créer une
identification. Puis l'ambiance du film refait surface, des images
s'imposent dans la mémoire, la voix de Giacomo, qui semblait
désagréable à l'écoute nous manquerait
presque, malgré les aigus hystériques, son débit
étrange qui a tendance à le faire passer pour un simple
d'esprit.
La sensation de l'été qui s'écoule doucement
est étonnamment bien rendue, toute en lenteur, léthargie,
torpeur, trouée de discussions sans queue ni tête.
Giacomo a une drôle de présence, sans véritable
charme, corps dégingandé, gestes brusques et maladroits
mais nuancés de quelques étincelles de délicatesse,
l'esprit comme embrumé, encombré. La fille qui l'accompagne
– Stefi !... dont Giacomo réclame la présence
par des cris d'enfant – garde une grande part de mystère
autant sur son propre personnage que sur la teneur de sa relation
avec son "ami". A la toute fin, elle est remplacée
par une autre, sans que l'on sache pourquoi. Il faut lire le dossier
de presse pour comprendre que les acteurs ont pratiquement joué
leur propre rôle, et ainsi pouvoir être éclairé
de cette substitution.
Il n'y a donc pas d'histoire... ce n'est pas une fiction, pas non
plus un documentaire. Juste deux personnages lâchés
dans la nature, qui ne font rien, ou presque. Que cela tienne plus
d'une heure est déjà en soi un petit miracle, mais
dont on sort dubitatif.