Les films de la sœur de
la femme de l'ex-président de la République sont majoritairement
agaçants, nombrilistes, parlant de problèmes de riches
gérés par des personnages hystériques et à
qui on a très envie de filer des baffes. Cette dernière
œuvre, estivale d'après son titre, n'échappe
pas à la règle de l'envie de baffer, mais il y a peut-être,
là, un surplus d'ironie qui fait passer tout l'ensemble.
Les personnages, malgré leur situation sociale très
marquée (autant les maîtres que les domestiques), ont
quelque chose de touchant, l'exagération de la description
des relations fait qu'on n'est pas tout à fait dans le réel,
c'est de la tragi-comédie qui mêle Shakespeare et Tchekhov.
C'est pour rire, et ça peut faire pleurer. Il n'y en a pas
un, pas une, sur qui on pourrait s'apitoyer mais personne non plus
ne fait naître le dégoût, leurs soucis sont à
la fois dérisoires et terriblement traumatisants, ce sont
des caricatures mais avec des sentiments humains, ridicules et splendides.
La petite fille observe tout cela avec une sagesse remarquable,
elle n'a pas une once de crédibilité mais on s'en
moque, elle est la conscience de tous, une sorte de fou du roi à
l'envers, ne se moque de personne et pourtant révélatrice
de la folie de ceux qu'elle observe, comme cette scène où
le repas de famille tourne au règlement de comptes (de contes
aussi), elle se met en retrait, s'installe sur la pelouse sur un
siège pour mieux regarder et écouter ces grandes personnes
qui partent en vrille les unes après les autres, bientôt
rejointe par des spectateurs imaginaires : nous, peut-être…
Les acteurs sont magnifiques, ne cachant rien de leurs bourrelets
et de leurs rides, boursoufflés, pathétiques, drôlissimes,
réjouissants de mauvaise foi et d'absence d'innocence : d'une
humanité criante, en somme. Pour reprendre un terme qui fut
à la mode mais ne l'est plus : jubilatoire.