Tout ce que vous avez voulu savoir
sur les SCOP (société coopérative de production)
sans jamais avoir osé le demander… Non, non, ça
n’est pas tout à fait ça. Malgré les questions
pragmatiques et la volonté de travailler sur le réel,
en refusant la plupart du temps de se laisser happer par des images
trop jolies, en ne poétisant pas le propos, la réalisatrice
pouvait ne faire qu’un documentaire économique, certes
intéressant, mais n’ayant pas d’intérêt
cinématographique. Mais elle privilégie (sans doute
avec le montage et le choix de ce qu’elle montre au final) ce
qui peut paraître anodin, les discussions informelles entre
les employés ; elle insiste sur les doutes de chacune, les
revirements, elle laisse de côté les moments les plus
importants de la négociation, esquive les instants cruciaux,
évitant ainsi la dramatisation (on apprend les faits principaux
avec des cartons, blanc sur noir, froids et distants). Ce côté
anti-spectaculaire fait qu’on a un peu de mal à s’intéresser
aux personnages, au moins au début. L’attachement à
certaines d’entre elles (une préparatrice, avec un cheveu
sur la langue, s’incruste dans la pellicule, du fait de son
franc-parler, de son humour léger et amer) se fait doucement
mais sûrement, et lorsqu’à la fin les décisions
tombent, l’émotion se met à poindre.
Peut-être peut-on regretter un manque de point de vue, un engagement
peu marqué de la part de la réalisatrice… peut-être
aurait-il été possible de donner à l’ensemble,
tout de même, un aspect un peu plus spectaculaire, en faisant
des intervenants de véritables personnages, en insistant sur
leurs différences de caractères, sur leurs personnalités…
et puis on ne voit rien de leurs vies en dehors de l’entreprise
: sans doute est-ce un choix, ou bien une impossibilité matérielle,
il n’empêche que cette unité de lieu ne génère
pas de contrastes. On reste, légèrement, sur sa faim.