Robert est un professeur à
l'ancienne… Pas très copain avec ses élèves,
au contraire de celle qu'il remplace, adulée par ses élèves,
parce qu'ils peuvent se permettre de dire des gros mots en classe
et qu'elle est à l'écoute de leurs petits et grands
maux. Robert passe pour un tyran, et même pour un nazi puisqu'il
est prof d'allemand et qu'il exige une certaine rigueur dans la
façon de se comporter. Sauf qu'évidemment, le personnage
est bien plus complexe qu'une caricature de prof sévère.
Il est pétri de doutes, malgré ses certitudes apparentes.
Capable de rester inflexible face aux récriminations de parents
d'élèves insupportables, mais aussi de s'émouvoir
en écoutant la tristesse d'un piano. Malheureusement, il
est bien le seul parmi tous les personnages, à porter un
peu d'ambiguïté, et donc à paraître crédible.
Les autres, hélas, sont des clichés sur pattes. La
prof de sport tentant d'allumer tous les mâles, la directrice
d'établissement qui veut éviter toute vague et ne
veut se fâcher avec personne, la prof cool sympa compatissante
et débordée, et puis les élèves, le
fayot qui a peur de tout, le meneur à la grande gueule mais
qui réfléchit si peu, la dégonflée qui
cherche à sauver les apparences, sans compter les parents,
calqués sur leurs enfants, tous sont prévisibles,
construits comme des concepts. L'ensemble du film pâtit de
toutes ces balises, de ce manque de finesse et d'éléments
inattendus. Pourtant, le récit ne manque pas de poser beaucoup
de questions, auxquelles il répond parfois un peu trop. Tout
cela finit par ressembler à un film-dossier, comme un prélude
à un débat sur la relation prof élève,
et sur la capacité qu'a un groupe à perdre tout sens
critique, et tout discernement, sitôt qu'il est confronté
à un événement grave, et que la solidarité
en son sein n'admet pas les contradictions. La morale n'est pas
du côté du laxisme, ni de l'autorité, mais tend
vers la multiplicité des points de vue, la confrontation
entre eux, et leur acceptation.