Les comédies de Salvadori
naviguent avec élégance sur l'ironie des personnages
face à leur mélancolie. La source de l'humour "Salvadorien"
est à chercher du côté des failles, des travers,
des contradictions. Les personnages forts et équilibrés
ne l'intéressent pas, et c'est tant mieux. Ici, l'histoire
est un prétexte à une succession de scènes
qui se veulent drôles et/ou poétiques, le récit
est bancal, manque de rythme, n'offre pas énormément
de surprises. Mais ça et là, il y a quelques perles,
comme cette scène du retour à la maison : une femme
(Audrey Tautou) attend son mari (Pio Marmai) qui sort de prison,
il arrive plus tôt que prévu, elle ne s'y attend pas,
lui demande de refaire son entrée. C'est rien, mais c'est
plein de charme, ça n'est pas très crédible
(quoique) mais ça fait chanter le cœur. A côté
de cela, il y a aussi les gags vus dans la bande annonce (déjà
vus, donc), des facilités comme le récit des exploits
du flic disparu (répétitif et très potache)
et puis quelques tirades qui cherchent à forcer l'émotion,
sans toutefois y parvenir complètement.
Ça n'est pas désagréable à regarder,
c'est léger, parfois trop, manquant alors de noirceur, de
mordant. Et Adèle Haenel est formidable, c'est à dire
un tout petit peu en dessous de ce qu'elle peut faire (oui, c'est
une actrice d'une telle densité qu'on s'attend à mieux
que juste "formidable").
