Impossible de
ne pas penser à Hayao Miyasaki devant ce petit bijou d'animation,
et pourtant, le fantastique ici flirte avec le réel alors que
les films du fondateur du studio Ghibli tiennent plus du rêve
éveillé, un peu délirants, peuplés de
créatures ahurissantes tandis que les enfants loups de Mamoru
Hosoda ressemblent certes à des personnages d'un conte, mais
au sein d'un récit ancré dans la réalité.
Ce qui rapproche les deux créateurs, c'est leur vision à
la fois romantique et réaliste de la nature et un refus des
personnages figés ou d'un récit manichéen.
Le titre qui met les enfants au premier plan est un peu trompeur.
En effet, la mère est le personnage le plus intéressant,
celui qui se pose le plus de questions, celui qui a la plus belle
âme, en un mot le plus humain… Et même si l'histoire
repose résolument sur des bases fantastiques (des êtres
mi-hommes mi-loups, ça n'est pas très courant…),
on peut y voir bien sûr d'une part une évocation du métissage,
d'autre part une acceptation de la différence non pas comme
un handicap, mais comme une richesse en plus, un cadeau de la vie.
Les deux enfants se retrouvent à un moment de leur vie face
à une alternative qui va déterminer le reste de leur
existence, et ce choix n'est pas montré seulement sous la forme
d'un renoncement mais comme le résultat d'une prise de conscience
de ce qu'ils sont vraiment. Pour cela, et parce que cela est possible,
on peut dire que la mère a rempli son rôle de façon
formidablement humaine, elle leur a donné les racines qu'ils
garderont à jamais, et les ailes qui leur permettent de devenir
adultes en s'affranchissant de ce qu'on a cru bon pour eux ("on
ne peut donner que deux choses à ses enfants : des racines
et des ailes"… proverbe juif). Un film d'animation, s'adressant
autant aux adultes qu'aux enfants, et qui parvient à faire
passer avec autant de délicatesse ce message sur ce que devrait
être toute éducation, c'est quand même autre chose
que Disney…