C'est un mélo à
plusieurs entrées…
Hommage au Cinéma, certes, mais en toile de fond, et au Cinéma
que l'on voit, pas à celui que l'on fait. Hommage aux salles
de projection à l'ancienne, dans un décor extraordinaire
qui semble avoir impressionné le réalisateur sans
qu'il puisse en faire autre chose qu'un paquebot échoué
et déchu. Avec une âme, mais au passé.
Une évocation des années 80 en Angleterre, la dame
de fer est au pouvoir, les skinheads font des ravages, et il ne
fait pas bon être noir dans cette Angleterre-là, dans
une petite ville où l'on s'ennuie. Le racisme latent qui
explose au grand jour est montré sans concessions, mais là
encore cet aspect fait partie du contexte, il n'est finalement pas
essentiel à l'histoire.
Deux êtres perdus dans leur vie, pas pour les mêmes
raisons et pas avec les mêmes effets, mais qui malgré
leurs différences - tout les oppose - se rejoignent et vivent
une relation étonnante. C'est le corps du récit, évidemment
étonnant dans un premier temps, puis assez prévisible
en raison des multiples éléments annonciateurs.
Il y a aussi, par la grâce de cet échange de sentiments,
des personnages qui se révèlent, qui se permettent
de vivre une deuxième vie, libérés de leurs
carcans.
Tout cela est filmé avec beaucoup d'élégance,
de délicatesse, de justesse. Les interprètes sont
formidables, Olivia Colman en tête. Micheal Ward est presque
trop beau pour être vrai. C'est donc magnifique, sans faiblesses,
et parfois légèrement ennuyeux.