Elle est fascinante, Ema. Elle
fait peur, avec sa tête de vampire peroxydée, mais
certains la trouvent belle. Son mari l'admire et la déteste
aussi, en même temps. Son fils, qui n'est pas vraiment son
fils, ou ne l'est plus, l'aimait aussi, peut-être plus qu'il
n'aurait fallu. Une drôle de femme, Ema. Comme cette histoire,
comme la façon de la raconter. Tout est raccord, finalement,
jusqu'au récit chaotique, plein de trous. Au spectateur de
raccrocher le fil, entre les séances dansées (Ema
est danseuse), les errances nocturnes, le visage marqué de
Gael Garcia Bernal qui ne sourit jamais, les amant(e)s d'Ema, sa
folie… Le film en met plein la vue, avec une esthétique
très caractérisée, un montage nerveux, des
scènes choc, il en met plein les oreilles aussi, avec une
bande son très présente, tout le contraire d'une musique
décorative, et des dialogues crus, très crus.
L'ensemble est inventif, perturbant, sort de l'ordinaire. Parfois
la forme prend le dessus sur le sens et l'on peine à comprendre
le message, mais quelques fulgurances vous entraînent assez
loin… Ema reste en mémoire, pour le meilleur et pour
le pire.