Plastiquement, c'est superbe.
La photo fait de nombreuses fois penser aux tableaux d'époque,
avec des jeux de lumière à la Barry Lyndon. Les costumes
sont resplendissants, chatoyants… une scène sublime,
celle de l'échange à proprement dit, fait se saluer
les deux princesses avec une légère révérence,
accompagnées de tout un tas de personnages des deux cours,
qui font eux aussi la même révérence, le tout
dans un silence terrible troublé seulement par le bruissement
des étoffes. C'est d'ailleurs dans ces scènes muettes,
où seuls le jeu des regards et la splendeur glacée
des images font sens, que le film donne le plus d'émotions.
En effet, les dialogues très écrits mettent en exergue
des bons mots, des répliques cinglantes ou des explications
un peu lourdes pour bien montrer les luttes de pouvoirs, et cela
finit par affadir le propos. Tout cela n'a finalement que peu d'importance
ici, les souverains et leurs ministres peuvent dire tout ce qu'ils
veulent, c'est bien le destin d'enfants qui est au centre de l'histoire,
et l'on comprend que ces princesses et ces futurs rois ne sont que
chairs à enjeu, monnaies d'échange, symboles de guerre
ou de paix. Le récit rend bien compte de cela, il aurait
pu encore plus laisser de côté les personnages puissants
(le roi d'Espagne, le régent) pour ne montrer que le point
de vue de ceux et celles qui découvrent ce monde de leur
hauteur d'enfant, innocence, rébellion et ironie mêlées.
