Comme il y eut une vague de films
roumains (encore en cours), verra-t-on une série de films bulgares,
donnant un aperçu partiel de ce pays qui, comme tant d’autres
d’Europe de l’est, découvre les délices
empoisonnés et les cauchemars bien réels du monde capitaliste
?
L’avenir le dira mais il y a fort à parier qu’on
entendra parler à nouveau du réalisateur, Kamen Kalev,
tant il insuffle de caractère dans ce récit qui prend
un parfum particulier, très amer, quand on sait que l’acteur
principal est décédé avant la fin du tournage.
Les nouvelles de la Bulgarie ne sont pas réjouissantes, on
découvre une ville, Sofia, épouvantablement triste,
une population résignée, lassée, au sein de laquelle
peuvent enfler les mouvements extrémistes les plus répugnants,
nationalistes et ultra violents. Non, les nouvelles de ce pays ne
sont pas bonnes et pourtant le film n’est pas sans espoir, à
l’image du personnage principal, qui parvient à se surprendre
à sourire, par la grâce d’un ange venu d’ailleurs
(paradoxe formidable, la très belle Isil qui apporte sa "lumière"
vient d’un pays, la Turquie, dont l’Europe ne veut pas,
et qui ne brille pas par la place faite aux femmes dans la société…).
L’ensemble n’est pas particulièrement confortable,
tant pas son scénario, perturbant, inattendu, plus en creux
qu’en bosses, que par sa mise en scène, audacieuse, se
permettant beaucoup de libertés avec les conventions, parvenant
sur la fin, dans une balade (ballade aussi) nocturne dans la ville
devenue presque élégante, à une sorte d’hypnotisme,
une beauté déchirée, une poésie fulgurante.