A défaut de vrais poissons
chats, c'est un drôle de film, bancal, en déséquilibre
constant, privilégiant les moments creux, ceux où
il ne se passe rien ou pas grand-chose. S'inspirant énormément
de l'expérience de vie de Claudia (qui n'a pas changé
le prénom de son personnage principal, c'est à dire
elle-même), le récit avance par à-coups, exposant
les personnages par petites touches, ne les montrant jamais comme
des clichés. L'histoire de cette jeune femme adoptée
par une famille dont la mère est malade, très malade,
est bien sûr très crédible, il y a parfois quelques
confusions, sans doutes dues à l'implication extrême
de la réalisatrice qui porte tellement son sujet qu'elle
peut parfois frôler un certain hermétisme.
Mais cette authenticité finit par emporter le spectateur,
l'émotion vient non pas d'un quelconque pathos, mais de la
sincérité de l'entreprise. Attention, l'affiche et
la bande annonce peuvent faire penser à une comédie
douce amère du type "Little
Miss Sunshine", il n'en est rien, le film s'inscrit dans
un registre beaucoup plus impressionniste, moins factuel. Il parle
de la famille au sens large, non pas celle qui nous est imposée
ou que l'on subit, mais celle que l'on découvre, que l'on
choisit. C'est une histoire de rencontres, déboussolante
peut-être mais qui au bout du compte apporte de la lumière
et du bienêtre.